Petit sortilege sans pretention

Petit sortilege sans pretention

Deïmos et la raison

 

 

 

Pourquoi s'est-elle roulée en boule comme ça, dans un coin ?

Elle a peur.

De quoi a-t-elle peur ?

De ce qu'elle pourrait voir...

Que pourrait-elle voir ?

Toi et moi...

Mais moi c'est elle, elle a peur d'elle ?

Elle a peur de toi, elle ne sait pas que tu es elle.

Je lui ressemble pourtant, elle m'a côtoyée depuis son premier jour.

Oui mais tu vis cachée dans l'ombre.

Faut-il que je me mette sous la lumière ?

Non, tu l'effraierai davantage.

Qu'est-ce donc que je dois faire ?

Tu dois disparaître.

Mais je crois que je ne le veux pas.

Alors elle va rester en boule là-bas...

Si je pars, voudrais-je revenir ?

Je ne sais pas

Un temps pour elle, un temps pour moi, peut-être...

Et à toi elle ne fait pas peur ?

Non, sauf quand elle est roulée en boule comme ça.

Alors tu vas partir.

Je ne sais pas, si je pars, tu lui diras que j'étais là ?

Moi non plus elle ne veut pas me voir

Pourquoi, toi tu n'es pas elle…

Elle a fermé les yeux, elle ne veut plus voir ni toi, ni moi.

Sommes nous si clivant ? Elle ne veut pas me voir hors d'elle mais toi, elle ne te connaît pas.

Jusque là, elle n'avait pas très envie de me connaître, mais sa raison l'a quittée.

Mais je suis sa raison !

Et tu l'as quittée...

Je ne suis pas loin si, juste, elle pouvait me regarder, elle le verrait bien !

Il n'y a pas de raison en dehors de soi qui puisse pousser à voir quoique ce soit.

Elle ne veut pas me regarder, je lui fais peur. Comme je ne suis plus en elle : si je lui parle, elle n'entend pas. Tu dis que si je reste elle demeurera absente aux yeux de tous, catatonique, en boule. Et si je pars elle est perdue pour ce monde là...

Pourquoi l'as-tu quittée?

Parce que tu m'as appelée.

Tu n'étais pas obligée de venir…

Tu étais si séduisant

Plus maintenant ?

Je ne sais pas, je voudrais divaguer dans le monde, cet esprit qu'elle a, il est trop étroit.

Alors tu t'en vas.

J'ai peur de la laisser seule, je ne sais si je voudrais revenir quand j'aurais goûter à d'autres désirs...

Je vais rester là moi, et l'habiter. Si tu lui manques, je t'appellerai.

Que ferez-vous ensemble ?

J'occuperai son temps, pour que déserte son désespoir . Je lui pousserai des rêves, des pensées magiques. Je maquillerai le monde pour qu'elle l'arpente sans avoir peur. Je lui rappellerai comment on fait pour chasser les monstres. Le pied droit sur les dalles noires, cligner d'un œil quand il fait froid, manger de l'herbe quand les monstres mordent sa peau ; et bien sûr, je lui rendrai les prières, celles qui chassent les démons. Ici dans ces murs, il n'y a pas grand-chose à craindre et les autres sont là qui occuperont son temps, en dehors de moi.

Tu sais Deimos, si tu t'en charges. Je ne reviendrai pas finalement… Je ne reviendrai pas…

Ce n'est grave, tu es restée longtemps, elle aura une autre vie moins difficile qu'avec toi. Elle n'aura plus à faire le part des choses. Je peux être bon, je n'ai plus envie de sang, avec elle j'ai envie de m'essayer à la fantaisie, sans doute que je manque d’entraînement, mais il y a dans son cœur et dans sa tête suffisamment pour que je m'abreuve. Pars en paix Raison. Je m'occuperai bien d'elle.

Adieu Deimos, je vois qu'elle t'accepte. Pour elle, je ne suis plus. Enfin je suis libre et je résonne pour moi-même en quête de vent et d'absolu. Je vivrai ce qu'elle me refusait. Et je l'aime quand même.



15/01/2016

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