Petit sortilege sans pretention

Petit sortilege sans pretention

Les petites vies

 

Une petite vie de rien du tout traîne sur le sol. Elle pourrait se déliter dans le froid d'un matin d'hiver.
Le sucre des nuages tombe en pluie de cristal. Il nappe un monde immobile et figé. Il glace les sapins et les arbres nus. Une spirale de gel, rasant le sol, emporte dans le ciel, cette fin de vie qui se perdait. Le souffle froid l'a ramassée délicatement, et a durci son cœur pour qu'elle supporte le voyage.
Une petite vie de rien du tout roulée en boule dans un berceau mortel survit tant bien que mal accrochée au temps qui ralentit.
L'hélice hivernale, sans esprit, messager, conduit son passager vers un climat moins rugueux.Tournoyant dans les cieux, chevauchant des courants d'air, elle approche d'un équateur.
Entre ciel et terre, la volute abandonne la petite vie suspendue à un instant. L'énergie et la vigueur stimulés par la chaleur pénètrent à nouveau les cordes vibratoires d'une petite fougue, d'un presque rien, qui grandit soudain.
Un appétit nouveau en attise le feu. Au-dessus d'une mer d'émeraude, où circulent des corps chauds, elle voudrait mordre à ces chairs là.

Elle ne peut pas se mouvoir, seule existe son d'intention. Elle entrevoit un couloir où attend une foule innombrable de désirs, comme elle, tendus vers la vie plus bas. Alors autour d'elle, un vent se lève, dangereux et brutal. Il arrache chaque trace de vie à sa minute de conscience, les projette dans une soupe liminaire. Elles se mêlent et se fortifient toutes ensemble pour bouillonner et chevaucher un torrent qui se rue sur le monde. Comme des saumons remontant le courant pour renaître à nouveau, les vies essaiment des peut-être qu'elles explorent.


De durée et de force chacune varie. Elles trouveront ces êtres qui émergent, ces cellules comme un appel. Lors, elles porteront les âmes qu'elles ont choisi. De l'équateur au pôle nord, des forêts, aux mers et continents tous les presque, les à peu près, prendront corps

Et puis, quand ce sera finit, que les dépouilles se sépareront des âmes, les vies, à nouveau usées et petites attendront la spirale d'un froid pour les emporter vers un vent de renouveau.



11/01/2016

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