Petit sortilege sans pretention

Petit sortilege sans pretention

Suivre les rêves

 

 

­Il faut suivre les chemins que le vent trace dans l'herbe, en végétaux courbés comme pliés par des pas invisibles. Il faut suivre, dans les forêts, les géants qui bousculent les branches des arbres, les faisant grincer comme des portes secrètes.

Qui dit qu'il n'y a pas de magie dans le monde ? Comment croire dans la matière quand elle s'articule autour du vide, avec une énergie organisée à la fois agitée et immobile.

Il faut suivre son cœur, en avance toujours, d'une milliseconde sur l'esprit.

 

Si vous le voyez dans l'herbe, ce chemin qui court jusqu'au sommet de la colline, n'attendez-pas : courrez ! Il se pourrait qu'arrivé en haut comme les créatures invisibles, vous vous envoliez. Un rêve c'est un peu ça.

Parfois, dans les forêts, si les géants ne vous entendent pas, ils masquent en marchant, le bruit de vos pas. Alors, au détour d'une branche levée, il se pourrait que vous voyiez la forêt telle qu'elle respire sans vous, paisible, bruissante, habitée d'une biche aux yeux humides, d'un terrier où attendent des renardeaux et fleurie de fleurs timides.

 

Il faut croire en ses rêves, c'est une autre façon de voir le monde, de lui trouver du sens, de l'adoucir.

Après tout, nous adhérons aux cauchemars des autres, capables de nous convaincre que blesser les gens, c'est pour leur bien, que les guerres sont nécessaires, qu'il n'y a pas assez de nourriture pour tout le monde, que la terre physique appartient à quelqu'un…

 

Moi, je préfère suivre les chemins aux pas invisibles, regarder la poussière dans la lumière et y voir des paillettes de magie. J'ai le choix. La réalité, le cauchemar des autres, me rattrape souvent, comme un virus. Mais quand même, je saute dans les flaques, je ris en regardant les moineaux et mon chien qui fait l'andouille .

 

La lumière sur le ruisseau, comme des poissons d'argent descend vers la mer. La mer la fait grandir de vaguelettes en vagues, elles se changent alors en cétacés brillants.

Les nuages s'étirent dans un ciel bleu, s'étirent et s'étirent, jusqu'en Chine où les enfants qui les regardent, savent bien que ce sont des dragons dansant.

Les sirènes chantent dans le vent, déroutant les oreilles des marins mourants.

Les fleurs coupées la nuit, se rendent à un dernier bal, et les sculpteurs donnent vie à la matière, les poupées, les statues, les tableaux murmurent tous dans la nuit.

 

Ce sont des regards à côté, des regards penchés. Ce sont eux qui ont changé le monde, pour lui trouver du sens, pour l'adoucir.

Parce le monde, dans sa réalité blesse, tue, efface, oublie. Et les hommes de poussière souffrent de se vouloir immortels. C'est étrange ce désir de vivre toujours, dans un monde où l'on détruit les rêves.

 

Il faut suivre les pierres blanches, sur les routes usées, c'est sûrement les morceaux d'un seul cœur qui se brise. Vous le trouverez sans doute dans la poitrine d'un homme qui ne peut plus rêver.

Montrez-lui les chemins dans l'herbe et les géants dans les forêts.

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08/08/2016

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