Petit sortilege sans pretention

Petit sortilege sans pretention

Trouver la petite fille

J'ai suivi les courants d'air, dans un souffle sur la pointe des pieds.
Je me suis fondue dans les palissades, invisible, impavide, tête de bois.
J'ai roulé avec les pierres à m'user, sous la mousse à couvert

Je t'ai cherchée…
Petite fille ?

 

J'ai senti les volutes des parfums oubliés, remonté à leur suite dans un temps du passé.

J'étais l'orange en hiver, le candi des pommes, sur des fêtes foraines,

J'étais son odeur, contre son cou...
Toujours plus près, à te toucher...
Petite fille ?

Je reconnais la douleur de ta solitude et dans ta peau, les brutalités à venir.
Je ressens ton désir depuis toujours, d'être nourrie d'amour,
Cette faim d'exister, d'être reconnue, validée.
Je touche les ombres de tes chagrins tissés en dépressions, habillant la trame d'une vie trop longue, pour une petite fille.

 

Dans une cuisine sans forme où les couleurs ne sont plus qu'imaginaires

sauf une,
Où les meubles, ombres dans l'ombre, n'ont plus de perspectives sauf un,
Le jour et la nuit n'existent pas, ni le temps...
Debout figée par un sortilège, l'esprit prêt à fuir mais le corps en retard sur ta peur, immobile...

Je t'ai trouvée petite fille.

Dans tes yeux, le film sans fin d'un fauteuil orange tombe, écrase sa vie et te laisse seule.
Le film boucle et le fauteuil tombe... tombe.

Tombe, depuis plus de quarante ans...
Tu hésites dans l'ombre orange, il faudrait partir avec elle vers l'autre monde ? Ou vivre ?

Dans le giron d'un ogre qui te ferait grandir, recroquevillée ? Hantée de terreur?
Mourante à chaque seconde, saisie par un regard, un geste, une intention ?

 

Elle n'est pas morte…
Et tu survis depuis, attendant pour finir que le fauteuil finisse de tomber..
Quelle peur dévorante, petite fille t'a accompagnée dans ce monde habité d'ogres comme lui, cachés dans les regards, les gestes et les intentions…
Quelles conjurations as-tu dû déployer, pour ensorceler et déjouer les pièges et les menaces !

Quelle fatigue petite fille, te saisit désormais à chaque instant…

 

Tu as eu très peur et depuis tu as fait ce que tu as pu, mais le fauteuil n'a jamais écrasé personne et Lui n'existe plus depuis longtemps.

 

Petite fille ?
Il est mort et pas elle.

Petite fille ?
Tu peux vivre.

 

Sur les courants d'air sans te soucier d'être vue, viens…
Le long des palissades en retard sur tes facéties, cabriole,
Souffle sur les ailes des fées, allège ton esprit : habille-le de soie,

Use ton enfance, brûle tes années sans joies
Et vis petite fille, vite…
Et reviens, dans mon corps et dans mon âme
pour que, femme, nous ne fassions plus qu'une
En fin.



20/02/2017

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