L'Automne rêve de gloire
Dans les montagnes de neige, dévale un vieillard au cœur froid. Il laisse voler sa chevelure blanche et légère, c’est l'Automne qu’il fuit.
Il court, tout autour de la terre ; sous les tropiques il ne va plus. C’est la première guerre qu’il a perdue, il y a longtemps lorsque la Terre se réchauffait encore faiblement.
Il vieillit encore le bonhomme des neiges, il vieillit très vite et sa chevelure clairsème. Il cherche refuge chez son ami Pôle mais l'Automne le rattrape quand même.
Occupé à s’étendre rouge et or sur le monde, cavalant sur les talons du vieillard, l'Automne n’a cependant pas remarqué la funeste fusion qu’un Printemps évaporé à l’Été accorde.
L’Automne se croit le roi du monde, bientôt, l’évidente saison, six mois pas an dans le vaste monde. Il en est convaincu : il mangera le vieil homme.
C’est vrai qu’il impressionne. De tornades, en océans de pluie, les eaux montent partout, les courants d’antan sont détruits et les normales n’ont plus de sens.
L’automne ne voit rien, trop occupé à jouir de sa puissance, il croit que l’Été est son allié, qui gonfle ses nuages de tête, ses nuages entêtés.
Pourtant, l’été prend ses marques et certains s’en plaignent depuis longtemps.
Sournoisement, et malgré le pacte « pour toujours » sa chaleur étouffe le Printemps.
Icelui est une saison fugace et rêveuse, il réduit sa posture en vibrant moins lontemps parce qu’évanescent, il faut bien le dire, de tout cela le Printemps se fiche.
Là où l’Automne ne le regarde pas, l’Été se déchaîne : il brûle Arizona et la pauvre Australie. Il domine l’Afrique -mais la belle noire, habituée au silence, ne sait dire le désert qui l’étrille et l’équateur qui s’évapore se commuant en hammam infernal.
On dit l’été, de belle saison pourtant peu à peu l’air de rien, elle se fait feu.
En secret, elle rêve de brasiers et de soleils, elle rêve d’une terre stérile ou régner sans partage, elle a tout son temps.
Que l'Automne danse et enrage qu’il tempête et s’orage, il lui faut de l’eau pour porter son tempérament… Ho ! Sur la Terre se n’est pas ce qu’il manque ; mais l’été a bien le temps et s’entraîne en attendant. Jaillir des tornades de feu, bouillir les océans, il joue à Dieu et se repose dans le désert. Sous couvert d’alimenter la rage de son compère, il évapore sans compter.
Un jour l’atmosphère qui s’amincit, s’en ira séduite par cette lumière noire étincelante de l’univers.
Et alors, alors sur son trône de feu, l’été vaincra.
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