Petit sortilege sans pretention

Petit sortilege sans pretention

Un phare tout au bout de la Terre

 

 

 

 

Il y a un endroit, au-dessus de la mer, où l'on peut se cacher.
On y accède par un phare, tout au bout de la Terre.
Il suffit d'attendre la nuit qu'un faisceau de lumière, le Guide, flirte avec l'horizon. Le phare cesse de tourner et un large tunnel offre alors le couloir d'un oubli, aux rêveurs blessés.
Sans crainte, sans se presser, le pied léger, porté par l'espoir et le songe d'une histoire, celui qui en a besoin peut s'engager.
Aucun bagage n'est nécessaire, aucun visa…
C'est un chemin assez rare pour être une chance en soi.
Un phare, pour éclairer un chemin qui se perd dans la nuit .
Un phare, pour guider un pas incertain et des rêves enfouis.
Glissant au-dessus des vagues, les yeux rivés vers le ciel d'où les étoiles sont absentes, on laisse son âme se purifier. Le corps dans la lumière, l'esprit comme une brume et l'intention avancent. Là-bas, vers un soleil qui tarde à se montrer pour laisser au marcheur le temps de mieux aller, un appui après l'autre sur un rythme intérieur et propre à chacun, l'aventurier, en quête d'un sens, profite de sa fortune pour approcher son conflit.


Avance, petit être, et soit ton propre compagnon. Oublie le monde, le ciel et la mer, laisse, en toi, le souffle exprimer la vie qui t'habite, malgré toi, malgré tout. On te dit qu'il faut l'aimer, la vie, on te dit que c'est une chance, on te dit que quoique tu en penses, tu ne la mérites que si tu l'aimes.
Dans le silence de ce couloir de l'oubli, laisse derrière toi les avis éclairés et les certitudes des veilleurs de phares. Ils regardent la lumière mais la route leur fait peur, ils ne l'empruntent jamais.
Libère-toi de leurs chants inquiets, toi ce chemin, tu le tentes et tu t'appuies sur la lumière.
C'est ça, ta réalité, c'est la tienne, au-dessus de la mer, elle est, en toi ; quoique tu en fasses et même si tu l'oublies.
Le chant des autres n'est que leur vérité. Aime-la, ta vie, si tu peux ou pas, ça compte peu, ça compte surtout pour toi.

Le soleil ne peut plus attendre, et le phare s'éteindra bientôt.
Le bruit de la mer monte vers toi, le bruit de la mer, et tes pas.
Ton âme et ton corps cohabitent une fois de plus et tandis que la vive lumière recule et recommence à tourner, tandis qu'à nouveau les étoiles piquent le ciel, l'horizon se gorge d'orange, de rouge et de rosée.
Dans la cabine d'un veilleur de phare tu ouvres les yeux. Tu t'es retiré assez longtemps petit être et le bruit du monde heurte un instant, le silence de ton esprit.

Il y a un endroit, au-dessus de la mer, où l'on peut se cacher. Si les autres mentent, si on ne sait plus où on en est et si la douleur du monde finit par percer : un phare tout au bout de la Terre...



04/02/2016

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