Petit sortilege sans pretention

Petit sortilege sans pretention

Du balai ! ( dés 5 ans )

 

 

 

Sur la branche d’un chêne, un hibou patiente tranquillement, il attend que la lune sorte de sa maison dans les collines. Quand la lumière percera la nuit, Lulu le hibou partira chasser.

Accoudée à sa fenêtre, Mimi soupire. Elle voudrait, comme Lulu s’envoler dans le ciel. Elle n’arrive pas à dormir alors elle compte les étoiles : une étoile, deux étoiles, trois étoiles, quatre étoiles ; et une sorcière sur son balai…

UNE SORCIÈRE SUR SON BALAI ?

 

Mimi n’en revient pas, devant la lune, elle a vu une ombre se détacher d’une sorcière assise sur un manche, avec, au bout des brins de paille, sans aucun doute possible…

Une sorcière !

 

Mimi ne tient plus en place… Alors elle agite les bras, elle a oublié qu’il fait nuit et s’en souvenant, elle allume la lumière et à nouveau par la fenêtre, agite le bras, en criant :

«HO ! DU BALAI !!! »

 

Et bien qu’elle l’ait espéré, quand elle voit la sorcière repasser devant la lune et se diriger vers sa fenêtre, la petite fille prend peur…

Après tout, une sorcière a des pouvoirs magiques et il paraît qu’elles ne sont pas toutes très gentilles.

 

Vite, vite, elle éteint sa lumière ! La sorcière ne pourra pas trouver sa chambre dans la forêt des maisons du village…

Mais c’est trop tard et la magicienne est devant la fenêtre de Mimi à qui elle s’adresse d’un ton sec :

« Du balai ?! Tu es bien effrontée pour une humaine toute maigre !

Ho ! Vous avez cru, qu’impoliment, je vous demandais de partir ? Ho ! Je n’aurais jamais osé, je suis polie avec tout le monde, même avec les mouches. « du balai » c’est une expression qui permet d’appeler quelqu’un qu’on ne connaît pas, comme : « Hé ! de la voiture », ou « Hé !de la tondeuse », ou « Hé ! du vélo », ou de…

Oui bon, je vois ! J’ai compris

Oui, n’est-ce pas, je disais, du balai pour signifier, la personne sur le balai, et, après un petit silence, la petite fille supplie, ne vous fâchez pas, je vous en prie !

Mais tout de même si tu es bien élevée, tu es plutôt maigre !

Excusez-moi, mais là, c’est vous qui êtes impolie ! »

 

La magicienne regarde Mimi, Mimi regarde la magicienne, il y a une note de défi dans l’air !

Et puis discrètement, la sorcière sourit et Mimi aussi :

« Tu as, lui dit-elle, le caractère qu’il faut pour être une sorcière, Mimi n’est pas sûre que ce soit un compliment mais elle répond,

Merci bien. »

 

La sorcière détourne alors son balai pour reprendre les airs.

Mimi l’arrête :

« S’il vous plaît, comment fait-on pour devenir une sorcière ? J’aimerais tellement voler…

Et bien ce sont des années d’études et de sacrifices. On abandonne ses amis, sa famille, ses habitudes pour entrer dans le monde invisible et travailler avec d’autres sorcières. On lit énormément de livres, on fait des choses dangereuses, comme voler des dents de crocodiles ou capturer des diables…, Mimi Pâlit,

J’ai peur des diables, la magicienne lève un sourcil,

Alors tu ne pourras pas être une sorcière, en revanche voler c’est très facile quand on en connaît une... »

 

Et là sans prévenir, la magicienne entre dans la chambre de Mimi, elle tourne autour de la petite fille très vite, et au fur et à mesure qu’elle tourne elle devient de plus en plus petite. Pendant qu’elle vole en rond, elle dit :

« Pauvre créature attachée par la terre, reçoit l’écaille enchantée de l’Amphiptère ! »

 

Et sans prévenir, alors qu’elle a récité son enchantement et qu’elle est devenue minuscule la sorcière disparaît.

Dans son dos, juste sous l’épaule droite, Mimi sent une forte chaleur sur sa peau. Et tout à coup, elle décolle du sol.

La voilà collée au plafond de la chambre !

 

Sur le moment, Mimi est terrifiée, le sol lui paraît si loin ! Et si tout à coup, elle venait à choir, si tout à coup la magie cessait et qu’elle atterrisse brutalement au sol !

Son cœur bat vite et fort.

Mais le temps passe et rien n’arrive, Mimi est toujours collée en haut de sa chambre. Elle se retourne, appuie sur ses mains pour se décoller du plafond et ainsi, marche là-haut à quatre pattes.

Quand elle arrive au coin, entre le mur du haut et le mur de sa chambre, Mimi y pose ses mains et appuie sur ses jambes pour pousser son corps vers le bas et tenter de redescendre. Rien à faire, dès que ses pieds quittent le plafond, son corps s’envole et elle s’y retrouve collée.

 

Mimi pleure. Peut-être va-t-elle rester un l’air pour toujours ; peut-être que, si elle quitte sa maison, elle s’élèvera au-delà du ciel, au-delà de la Terre, vers l’espace et les étoiles…

Mimi pense que la sorcière est méchante et qu’elle a vraiment crue que la petite fille lui avait mal parlé ; alors certainement la magicienne a prononcé ce sortilège pour la punir :

« Du balai ! » Petite fille impolie.

 

Mimi regarde le sol avec regret et dit à haute voix :

« Si seulement je pouvais rejoindre le plancher… »

 

Et de façon tout à fait inattendue, c’est ce qu’il se passe : elle descend doucement, d’abord les pieds, puis le dos, puis la tête et enfin, la voici debout sur le sol.

 

Elle est soulagée mais elle a encore peur : elle pourrait se retrouver à nouveau collée au ciel de sa chambre :

En regardant en l’air, elle se parle à haute voix ( Oui, Mimi est une petite fille qui parle souvent toute seule ) :

« C’est dommage, j’aurais quand même aimé pouvoir voler là-haut... »

 

Et la voilà qui re-décolle.

Arrivée au plafond, ses yeux grand-ouverts, de surprise et de frayeur, elle finit doucement sa phrase :

« Et me poser… et encore une fois elle redescend… Quand je le veux. »

 

Ça y est, Mimi comprend !

Il suffit de dire à haute voix ce qu’elle veut pour voler ou atterrir. Quelle sorcière, cette magicienne, elle lui fait un don sans lui expliquer comment ça marche ! Heureusement que Mimi a l’a découvert !

Elle ne sait pas si madame « Du balai » lui voulait ou du bien ou du mal ; mais c’est sans doute ainsi que sont les sorcières !

 

Mimi regarde dehors avec envie, elle n’ose pas tenter un vol à l’extérieur, elle craint toujours de se retrouver dans l’espace avec les étoiles.

 

C’est alors que Lulu le hibou glisse silencieusement devant sa fenêtre, ses deux ailes battant l’air.

Mimi n’y tient plus et dit :

« Je veux suivre le hibou... »

 

C’est merveilleux, de voler le vent d’été dans les cheveux, la sensation d’être un foulard léger porté par l’air, la vitesse de son vol sans effort.

Mimi suit Lulu qui lui jette un coup d’œil désapprobateur. L’oiseau ronchonne :

« Hou ! Hou ! Cette fillette volante fait fuir les mulots, son ombre est trop grande et en plus elle rit ! Qu’elle est bruyante ! »

 

Très mécontent, il fait demi-tour et lui donne un coup de bec !

Il faut bien l’avouer, Lulu n’a pas très bon caractère. Mimi s’écrie :

« AIE YEUH ! Stop, je m’arrête ! »

 

Et effectivement, elle s’arrête.

À sa grande satisfaction, elle constate qu’elle ne monte pas davantage dans le ciel, aussi n’ira-t-elle pas se perdre dans l’espace.

Elle crie de joie :

« YOUH ! HOU ! HOU ! »

 

Secouant ses plumes, le hibou agacé s’éloigne rapidement.

 

Désormais Mimi n’a plus peur et elle vole dans tous les sens, à toute vitesse. Elle rase les arbres, s’arrête net devant les maisonnettes. Elle regarde par les fenêtres. Elle va voir chez ses copines, mais toutes dorment.

Elle se perd un peu dans son village, le monde vu du ciel n’est pas facile à reconnaître.

Et puis soudain, elle se sent fatiguée :

Alors elle dit :

« Je veux retrouver ma chambre. »

 

Et d’un long glissement dans l’air, elle passe la fenêtre ; elle est à nouveau dans sa chambre.

Mimi s’allonge sur son lit en songeant à tout ce qu’elle pourra faire et comment son amie, Fati sera surprise.

 

La porte de sa chambre grince un peu, il fait noir, la lumière du couloir éclaire le seuil. La maman de Mimi passe la tête et dit à sa fille :

« Que se passe-t-il ? Il est l’heure de manger ! Ça fait cinq minutes que je t’appelle mon cœur !

Ha ? Pardon, je n’ai pas entendu…

Tu devais certainement dormir. Allez vient je t’attends. »

 

Mimi s’assied et prise d’un doute, elle dit :

« Je veux voler au plafond ! »

 

Mais rien de se passe, elle comprend que sa maman a raison : elle dormait et tout cela n’était qu’un rêve.

Elle est si déçue que de grosses larmes roulent sur ses joues.

 

Tout à coup, au-dessus de son lit, un point comme un petit pois, tourne en rond en grandissant, la toute petite sorcière sur son balai retrouve sa taille normale et s’adresse à Mimi :

« Allons ne pleure pas, je ne pouvais pas te laisser tenvoler pour de vrai ! C’est trop dangereux, mais chaque nuit avant de t’endormir, tu pourras rêver que tu voles et tu retrouveras le don d’Amphiptère... 

C’est qui Ampifère ?

Amphiptère est mon ami, un serpent volant très gentil, à présent la magicienne sourit à Mimi qui lui prend la main pour y poser un baiser,

Merci beaucoup, dit Mimi, c’est pour ça que vous ne m’avez rien expliqué pour voler : dans un rêve je ne risquais rien, la sorcière ne répond pas mais elle dit,

Allez ! Du balai, Mimi, ta maman t’attend. »

 

Peut-être t’arrive-t-il de rêver que tu voles toi aussi ?

C’est qu’il y a plus de sorcières qu’on ne le croit dans le monde…

Bon, moi j’y retourne ; Lulu hulule, il s’impatiente et m’attend.

 



07/09/2020
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