Petit sortilege sans pretention

Petit sortilege sans pretention

La vie du père Noël : les enfants de la lune ( dés 6/7 ans )

 

 


Personne ne sait vraiment d’où vient le Père Noël. Il est peut-être un enfant de la lune pourquoi pas ? Après tout, la lune a bien 13 enfants par an…

Ha vous ne le saviez pas ? Si si la lune a treize enfants par an…

Mon arrière-arrière-grand-mère il y a bien un siècle de ça, a raconté cette histoire-là, elle la tenait, elle-même, de sa grand-mère… Et… Ho ! J’imagine que cette histoire a traversé les siècles

Mais en voici la teneur…

 

Dans une forêt dense et très vivante, vivait un bûcheron-potier et sa femme. Un bûcheron potier qui coupait le bois tout l’automne, le rangeait en été, puis il cueillait la terre argileuse au printemps pour la travailler en hiver.

 

Il n’y avait pas ou peu d’argent dans ces temps-là ; on échangeait des choses : dix pots contre une poule, des tuiles contre une étoffe, 4 stères de bois contre une chasse… Donc ce couple n’avait certes pas d’argent mais il ne manquait de rien.

 

Madame Bûcheron-Potier travaillait, elle aussi, beaucoup. Elle s’occupait de leur chèvre et des deux poules, d’un petit potager de betteraves, de carottes, de pâtissons, de rutabagas et d’herbes sauvages destinées à soigner les maladies. Dans l’après-midi ou la soirée, la jeune femme faisait des potions et les échangeait, comme son mari, contre l’une ou l’autre chose, et notamment du miel car elle aimait le miel par-dessus tout…

 

Oui ! Un couple assez heureux dans ces temps anciens de magie et de joies simples, mais à qui tout de même, il manquait une chose très importante : les enfants.

 

Cette situation ne les gênait pas trop au début de leur mariage. Ils pensaient que les enfants viendraient plus tard et que c’était bien, ayant ainsi le temps de construire un nid pour eux ; mais à mesure que passaient les années et que le temps mangeait leurs espoirs, le chagrin grandissait dans la maison et le travail n’avait plus l’attrait d’autrefois. Surtout pour madame Bûcheron-Potier, elle devenait si triste que son beau visage était tout pâle et ses cheveux blanchissaient. Monsieur Bûcheron-Potier quant à lui, était de plus en plus silencieux et grognon. Lui aussi était triste pour les enfants qui manquaient à leur maison mais plus encore pour sa femme qu’il voyait vieillir trop vite.

Une après-midi de janvier...

 

C’est-à-dire un janvier d’aujourd’hui parce qu’alors dans les temps anciens les mois n’avaient pas encore de nom, enfin peut-être mais sûrement pas les mêmes… Bon !

 

Une après-midi de janvier, monsieur Bûcheron-Potier avait trouvé sa femme endormie alors que le soleil n’était pas encore couché, il avait compris qu’elle se cachait dans le sommeil, il eut très peur qu’elle se laissât mourir de chagrin. Inquiet, il retourna en forêt et marcha longtemps tandis que ses larmes roulaient sur ses joues…

Il s’arrêta au bord d’un torrent partiellement gelé, dans lequel la lumière de la lune se reflétait et là, laissa libre cours à son chagrin…

 

« Pourquoi n’avons-nous pas d’enfants, ma femme, que j’aime tendrement en mourra et je serai seul, et moi aussi, sans elle, je mourrais. Si seulement nous avions un bébé, un tout petit bébé, un enfançon à cajoler… Ha ! Toi la lune si belle porte mon message aux étoiles, je t’en prie, le temps presse… Y a-t-il suffisamment de magie dans ce monde pour que ma femme et moi ayons un enfant ? »

 

Et monsieur Bûcheron-Potier, n’ayant plus de larmes, rentra chez lui pour tâcher de dormir…

 

Savez-vous le bruit que fait un enfant qui pleure ? Comment ses cris désespérés percent les tympans ? Alors imaginez treize enfants affamés qui hurlent en même temps, je ne sais pas comment monsieur et madame Bûcheron-Potier ne sont pas devenus sourds, mais ce qui est sûr c’est qu’ils se sont levés aussi vite qu’une flèche jaillit d’un arc.

 

Ils bondirent en direction des vagissements et trouvèrent devant la porte une dame très grande et magnifique. Oui elle était vraiment très grande au moins la taille d’un demi arbre, ses grands yeux bleus brillaient de leur propre lumière, comme ses cheveux de nacre. Son visage rond et pâle avait la couleur de la lune.

 

Elle tenait devant elle une grande corbeille tressée dans laquelle treize petits êtres hurlaient, affamés, des petits enfançons de la taille du poing de monsieur Bûcheron-Potier.

 

Il arriva alors une chose extraordinaire : madame Bûcheron-Potier, sentit enfler sa poitrine et elle sut soudain, avec certitude, qu’elle pourrait nourrir tous ces bébés…

 

La belle dame souffla sur les enfants qui se turent brusquement. Elle sourit et dit aux Bûcheron-Potier médusés :

« Dans le monde du ciel, personne ne vieillit ou, si lentement, qu’une éternité est nécessaire pour que grandissent mes enfants, les étoiles de mon cœur. Chaque année j’en enfante treize comme ces amours-là et je dois leur chercher une famille aimante pour les accompagner pendant qu’ils grandissent. Lorsqu’ils ont dix ans, je les reprends. Ils reviennent alors habiter le ciel. Ils remplaceront ainsi leurs frères et sœurs en partance pour d’autres cieux. Je sais votre grand désir et je vous laisse mes petits mais, s’il vous plaît, vous n’en devez rien dire à personne »

 

Mais si nous connaissons cette histoire dans notre famille, sans doute est-ce qu’ils n’ont pas tout à fait respecté cette ordonnance.

 

La belle et grande dame posa la corbeille au sol et, en s’effaçant peu à peu, elle donna des noms à chacun des enfants, sauf à la dernière. Elle touchait tendrement leurs joues de sa main. La Dame disparut sur une larme.

Les douze autres bébés avaient des noms d’étoiles, comme Sagitteri ou Tauri, Balancia, Léonis, Bellatrix ou Cancéro… Six garçon et sept filles,

Dans le ciel, la lune qui ne semblait pas encore levée apparut tout à coup.

Dame Lune avait laissé ses enfants sur Terre pour qu’ils grandissent un peu.

Ils et elles lui ressemblaient beaucoup même chevelure, mêmes yeux, même teint…

 

Madame Bûcheron-Potier, le visage radieux et la gorge serrée, s’assit à mème le sol, saisit deux des poupons qu’elle mit aux seins pour les nourrir. Monsieur Bûcheron-Potier câlina les autres mais seule la petite fille qui n’avait pas de nom lui sourit, d’une bouffée d’amour, il la nomma Luna…

 

Vous vous demandez peut-être comment on peut élever treize enfants en même temps, dans le secret, quand on n’en a jamais eu soi-même ? Et bien il y a eu quelques miracles que certainement la Lune a accompli.

Tous les jours la chèvre sans chevreaux donnait un seau de lait, les poules pondaient l’une sept et l’autre huit œufs un œuf pour chaque habitant du foyer… Les légumes du potager sitôt cueillis repoussaient sous les yeux du cueilleur…

 

Monsieur Bûcheron-Potier allait seul au village, comme avant. Il prétendait que sa femme était trop lasse et on pensait la dame trop triste pour sortir. Personne ne vint poser de question pendant les dix années qui suivirent… Dès qu’ils surent marcher, chaque nuit de pleine lune, les enfants sortaient, quel que soit le temps, pour danser une ronde joyeuse en chantant « Dame lune, Dame lune, vous brillez pour vos enfants. Vous manquez à notre cœur Dame lune, Belle maman »

 

 

Luna rentrait toujours la première et réclamait un gâteau de miel, elle les adorait.

Une fois par an, à la nuit sans lune de janvier, la grande dame venait voir ses petits et les embrassait. Elle serrait toujours Luna plus longtemps sur son cœur et lui murmurait des secrets.

 

Au moment de partir, la grande femme aux cheveux brillants rappelait au couple que les enfants rejoindraient le ciel dans neuf, huit, sept, six, cinq, quatre, trois, deux, un an…

 

Ces dix années passèrent si vite, que monsieur et madame Bûcheron-Potier, la veille de la nuit sans lune réalisèrent soudain qu’ils seraient seuls bientôt. C’était si difficile à imaginer, si triste aussi. Surtout pour la petite Luna à laquelle ils étaient le plus attachés, parce qu’elle leur avait toujours témoigné une affection particulière, ils se sentaient, avec elle, comme de vrais parents.

 

Alors comment vivre sans eux, comment vivre sans elle… Luna n’avait pas envie de partir mais ses frères et sœurs, eux, n’étaient pas tristes le ciel les appelait depuis toujours.

Luna s’assit au pied de l’homme qui l’avait élevée et lui dit :

« Est-ce que nous reviendrons vous voir ?

 -Je ne sais pas…

 -Est-ce que vous m’oublierez

 -Jamais Luna, jamais !

 -Et si on ne veut pas partir, peut-on rester ?

 

Monsieur Bûcheron-Potier serra Luna dans ses bras, pour respirer son odeur de fleur et lui cacher ses larmes.

 

Le lendemain lorsque la nuit tomba, les cheveux des enfants se mirent à luire, à briller plus fort que jamais… Dame Lune descendit du ciel, son ventre était rond et gonflé, bientôt treize petits viendraient au monde…

Elle serra dans ses grands bras tous ses enfants en même temps. Puis elle regarda Luna, la prit contre elle, elle lui dit :

« Je sais ce que tu ressens mon enfant, chaque fois que je laisse treize enfants sur la terre je dois me séparer de l’un d’eux et je devine toujours lequel cela sera… C’est une sorte de loi avec le Ciel, un cadeau à ceux qui vous ont accueilli. Mais tu dois écouter ton cœur ; rien ne t’oblige à venir là-haut ou à rester ici. Dis-moi Luna où serais-tu plus heureuse : dans le ciel ou sur la Terre ? »

 

Monsieur et madame Bûcheron-Potier étaient restés au seuil de leur maison. Ils n’entendaient rien de ce que disait la dame, ils étaient tout à leur chagrin et mangeaient la scène des yeux, pour garder en eux l’image des enfants.

Ils regardaient Dame lune parler à Luna en lui tenant les mains, puis ils virent les cheveux de la petite fille baisser de lumière et se fondre dans la nuit. Elle se redressa, sa joie se lisait dans sa course. Elle se jeta au cou de la belle dame, puis au cou de chacun de ses frères et sœurs.

 

Pendant que Dame Lune et les enfants montaient au ciel, Luna courut vers monsieur et madame Bûcheron-Potier. Pour leur dire combien elle les aimait et qu’elle n’irait pas au Ciel, briller là-haut.

 

La joie de ses parents était immense comme un océan, comme un univers.

Alors, à chaque pleine lune, la petite fille qui grandit et devint une femme, sortait danser dans la nuit et rire au ciel, parfois on voyait dans sa ronde briller l’une ou l’autre silhouette.

 

Elle n’eût pas d’enfant, les enfants de Dame Lune n’en ont jamais. Néanmoins elle fut très heureuse, très longtemps, savez-vous pourquoi ? Parce qu’elle eut la chance de faire douze vœux que douze étoiles ont sus exaucer…

 

C’est pour ça que je crois que le Père Noël est peut-être un enfant de la lune. Et aussi pour les gâteaux de miel.

Vous ne voyez pas le rapport ? Alors il faudra que vous veniez tout à l’heure pour connaître la suite, parce que là, je suis fatiguée et mes gâteaux sont cuits !

 

 

 

 

Revenez à  l’accueil pour la suite ou dans la catégorie "pour les petites personnes"

 

 

 

 



30/11/2019
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