Petit sortilege sans pretention

Petit sortilege sans pretention

Le rêve des émotions --- dés 4 ans---

Ce conte accompagne un travail en maternelle autour des émotions, les nommer, les reconnaître et, ici, les ressentir. L'environnement descriptif des émotions est issu de ce livre, la couleur des émotions

 

 

 

Lorsque le soir venu, Jules va se coucher, il ne se sent pas très bien.

À l’école, ce jour-là, la maîtresse a parlé des émotions.

Il a vu, bien sûr ce que sont les émotions comment elle change le visage, sourire ou grimace.

Il sait à peu près, ce que c’est qu’avoir peur, être triste ou joyeux... Mais, pour autant, il ne sait pas ce que lui, ressent et c’est sans doute ce sentiment que la maîtresse désigne comme une émotion barbouillée.

Jules n’a pas envie de rester seul dans sa chambre, avec ce cœur serré, il a comme mal au ventre et il a envie de pleurer, mais il ne comprend pas pourquoi.

En plus maman a l’air pressé et quand Jules lui dit :

« Tu dors avec moi maman ! Elle répond,

- Ha non, mon Juju ! J’ai plein de choses à faire, et si je ne les fais pas, demain je serais obligée de courir toute la journée…

-Oui mais moi je veux que tu dors avec moi ! »

 

Ça y est, cette fois Jules pleure, sa maman fronce les sourcils, elle n’aime pas voir son Juju pleurer mais la tête de maman Valérie est trop lourde, comme gonflée, parce qu’il y a trop de choses dedans ; elle doit encore préparer à manger pour demain et elle a une réunion très tôt au travail, ensuite elle filera chez mamie qui a besoin d’aide parce qu’elle s’est fait opérer d’une main.

Jules comprend tout ce qu’elle lui dit mais il se sent de plus en plus barbouillé.

Maman, lui expliquant tout ça, lui fait un câlin tendre mais quand même un peu pressé. Elle dit que « Promis, demain soir, elle aura beaucoup de temps et que, en attendant, elle peut brancher la veilleuse « maman » ».

 

Jules a dessiné Maman sur du papier transparent, Papa l’a collé dans un cadre et quand on le pose devant une lampe, ça fait un ombre de maman sur le mur.

On place ce cadre devant la lumière lorsque maman Valérie doit s’absenter certains soirs ou, comme maintenant, lorsque Jules a des soucis ; ainsi met-elle l’image devant la lampe, après un dernier bisou. Elle laisse la porte de la chambre entrouverte puis elle s’en va à ses occupations.

Jules tout seul, regarde la silhouette au mur et glisse petit à petit …

sur…

Un toboggan.

Il est raide, ce toboggan et Jules y glisse de plus en plus vite…

Il atterrit sur un coussin en plastique gonflé d’air et rebondit dessus…

 

L’endroit où il est arrivé est un peu étrange : tout autour de lui, il y a un mur en rond sur lequel des silhouettes, comme celle de maman, dansent ; ce sont des silhouettes de monstres poilus.

Jules reconnaît les monstres des émotions, un noir pour la peur, un vert pour la sérénité, un rouge pour la colère, un rose pour l’amour, un de toutes les couleurs pour le monstre barbouillé et un jaune pour la joie.

 

Tout à coup le monstre barbouillé sort de sa silhouette et s’approche de Jules, il ouvre grand, grand la bouche et il avale le petit Jules.

Soudain, Jules est comme le monstre barbouillé ; il sent alors que, quand on est ce monstre-là, on ne sait pas ce qu’on veut, on s’ennuie, rien ne fait plaisir, on se sent seul, les bras et les jambes sont trop lourds pour bouger et on pense qu’on pourrait dormir, ou qu’on voudrait un câlin, ou bouder dans un coin, en espérant que quelqu’un vienne nous aider à nous occuper en racontant une histoire, en nous serrant dans ses bras, en jouant…

Le monstre barbouillé ne sait vraiment pas ce qu’il veut…

À l’intérieur, Jules secoue la tête : que pourrait-il faire… ?

Alors Barbouille libère l’enfant et s’assoie par terre…

Pendant que le petit garçon regarde le monstre de toutes les couleurs, le monstre bleu sort de sa silhouette collée au mur et à son tour, il avale Jules.

 

Le garçon n’est pas très content qu’un monstre triste l’avale ainsi !

Ho là, là ! Pauvre Monstre triste : tout son ventre est serré, et sa gorge aussi comme si on appuyait dessus. Son front est crispé et tire sur tout son visage. Tout à coup le « serré » que Jules sent dans le ventre remonte, remonte, et court dans la gorge, gonfle les oreilles, pique le nez et s’échappe par les yeux en grosses larmes.

Alors les épaules du monstre bleu sont secouées par le ventre qui saute en sanglots…

Le pauvre monstre bleu va crier tellement il se sent mal ; vite Jules sort de ce corps-là !

 

Mais alors que le petit garçon sort, c’est le monstre noir qui arrive droit sur lui : l a couru du mur jusque Jules.

Le petit garçon est avalé si vite qu’il ne comprend pas tout de suite où il est… Mais, soudain, un bruit le fait sursauter et les deux monstres assis par terre, Barbouille et Tristounet l’inquiètent, comme s’ils voulaient lui faire du mal.

Bien qu’aucun des deux ne bougent, Jules imagine qu’ils ont des dents et qu’ils vont se lever et hurler et le mordre.

Le monstre noir !

Ça y est Juju comprend que le monstre noir l’a avalé. Il s’appelle Tremblant, c’est facile de deviner pourquoi. Ça commence dans les yeux pour ce monstre-là, ils s’ouvrent tout grand et bougent et bougent, et la tête du monstre recule, et les épaules tirent le ventre en arrière. Comme s’il y avait des petites bêtes à l’intérieur du ventre de Tremblant. Elles courent jusque dans les jambes et les chatouillent…

Jules pense que Tremblant va s’enfuir en courant, se sauver… Mais c’est étrange, les pieds du monstre noir sont collés au sol ! Il se secoue dans tous les sens, il ne peut pas bouger, ses bras s’agitent et touchent soudain le mur où se tient le monstre rouge : Colérique le Terrible…

 

Colérique ne comprend pas que Tremblant essaye de bouger, que des fourmis courent dans ses jambes : il croit que Tremblant l’a frappé et c’est à son tour de sortir du mur et il est gros Colérique, et terrible, il ouvre sa bouche en grand et il avale le monstre noir et Jules, en même temps. Tremblant relâche le petit garçon, réussit à s’enfuir et court se cacher derrière Tristounet dont il a beaucoup moins peur que de Colérique le Terrible…

 

Dans le corps rouge, Jules est secoué comme dans une voiture sur une mauvaise route. Il s’accroche de toutes ses forces aux poils du monstre de la colère.

Colérique hurle, saute sur place, il cherche Tremblant il veut le frapper, le tuer, il veut le mordre. Il serre les dents, il n’arrive à penser à rien et tout son corps est dur, tous ses muscles sont durs…

 

Jules n’était pas bien dans les corps de Barbouille, Tristounet ou Tremblant, mais là il n’est pas bien du tout : « Au secours ! », Jules sent tout ce que Tremblant, le monstre noir sentait : il a des petites bêtes qui courent dans ses jambes et voudrait s’enfuir…

Il a de plus en plus peur. Il crie, il crie « Maman, maman... »

 

La pièce ronde, où tournait les monstres poilus, s’éclaire soudain.

Mamour, le monstre Rose sort du mur et grandit, grandit : il est plus grand que Jules, plus grand que Colérique le Terrible. Il s’assoie par terre et le terrible monstre rouge se jette sur lui. Mais Mamour l’amour est élastique, tout mou, tendre, doux et le monstre rouge rebondit sur son ventre.

Mamour, le monstre rose attrape le bras rouge et poilu et caresse la tête du monstre de la colère. Alors Jules réussit à sortir du corps de Colérique. Et cette fois c’est Juju qui entre dans le corps du monstre Mamour, en passant par son cœur.

Ouf, comme il se sent bien ici dans ce corps tendre et doux, son cœur gonfle et sa poitrine et sa gorge aussi : tous l’air du monde le remplit. Les derniers souvenirs de Colérique, Tremblant, Tristounet et Barbouille s’effacent .

Juju a envie de pleurer tellement il se sent bien.

Il se repose un peu au milieu des poils roses.

 

Soudain, un sourire étire sa bouche et des chatouillis gribouillis courent dans ses pieds, son dos se redresse, ses bras s’agitent et font de grands mouvement.

Juju pourrait courir jusqu’au bout de la terre, faire des bisous à tous ceux qu’il croise, rire aux éclats, crier, faire les bruits qui font du bien.

Quelqu’un a donné une énergie incroyable à Jules.

Le petit garçon voit Mamour assis par terre qui cherche à consoler Tristounet avec des bisous, en même temps, il caresse la tête de Colérique.

Tremblant et Barbouilles sont assis contre son ventre…

 

Mais alors où est Juju ? Avec qui ?

Ho, le voilà qui s’envole… Il regarde vers le sol et voit des pieds poilus tout jaune. Il ne vole pas vraiment Jules mais Joyeux vient de sauter jusqu’au plafond.

C’est le monstre de la joie qui l’a avalé !

Jules crie et rit avec lui et ça dure longtemps.

 

Mais houuuhou ! Toutes ces émotions l’ont bien fatigué, il glisse des jambes du monstre aux poils jaunes et se retrouve debout au sol.

Devant lui, le monstre aux poils verts l’attend tranquillement et lui tend la main.

Le petit Jules la prend, il se sent calme et un peu fatigué, sa tête est légère, son corps détendu. Rien n’est serré en lui ; ni sur son visage ni dans son ventre, aucune bête ne court à l’intérieur de ses jambes ou dans ses pieds… Il est léger, léger, si léger que lorsque qu’un petit vent chaud souffle sur son corps, il se soulève comme une feuille et il monte, monte.

Il suit les courbes du toboggan jusqu’en haut…

 

Sur son visage, un souffle chaud le caresse, Juju se réveille sous les baisers de sa maman qui lui chuchote les mots tout doux…

Ça fait du bien de sentir maman.

Juju écoute dans son corps quelque chose qui le dérange…

Son ventre est serré, et sa gorge aussi, comme si on appuyait dessus. Son front est crispé et ça tire sur tout son visage, le monstre bleu s’échappe par ses yeux en grosses larmes…

Maman est très surprise :

« Oh ! Mon poussin, mais tu pleures ! Que se passe-t-il ?

-Je suis triste !

-Oui je vois ça, mais pourquoi es-tu triste ?

-Papa est parti depuis longtemps et il me manque, je voudrais ses câlins et ses bisous.

-Oui, Jules, papa est parti depuis quinze jours, il devait absolument régler des soucis de son travail dans un autre pays… Tu sais chéri, j’ai une surprise pour nous deux…

-Qu’est-ce que c’est ?

-Papa a téléphoné ce matin, c’est pour ça que je viens te réveiller, nous allons le chercher à la gare dans une heure...»

 

Le monstre joyeux est revenu et cette fois Juju l’accompagne !

 



14/02/2021
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