Petit sortilege sans pretention

Petit sortilege sans pretention

Les bêtises d'Emilie (dés 4 ans)

 

 

« « MAMAN ! MAMAN !

Rho ! Une seconde Émilie ! Je suis au téléphone… »

 

Maman en effet discute avec la Nounou d’Émilie 

Émilie n’est pas très patiente, elle laisse une minute s’écouler puis elle crie à nouveau :

« MAMAN ! MAMAN !

Excuse-moi Lili, ma fille c’est comme le lait sur le feu, si ça bout, ça déborde, je te rappelle plus tard ! Bon alors Émilie, qu’est-ce qui ne pouvait pas attendre ? »

 

Maman regarde par la fenêtre du premier étage, Émilie est penchée sur un petit muret construit pour retenir la terre où pousse un Tilleul :

« C’est quoi après cinq ?

Dis-donc petit crapaud, c’est pour répondre à ça que j’ai raccroché avec Lili ? Tu trouves que ça ne pouvait pas attendre ?

Mais c’est parce qu’elles se sauvent et ça doit compter vite !

Qui se sauve ?

Les fourmis ! Je compte les fourmis, c’est quoi après cinq ?

Six…

Et après ?

Sept…

Et après ?

Rhooo,je n’ai pas le temsp ! Je n’ai pas que ça à faire : compter les fourmis ! Huit, neuf, dix !

Attends je compte et puis après, tu fais du travail, un, deux, trois, quatre cinq, six, huit, se…

Cinq, six, sept, huit…

Six, sept, huit, neuf dix.

Voilà !

Et après ?

C’est tout pour aujourd’hui, tu comptes jusque dix et tu recommences, et chaque fois que tu comptes dix, tu poses un caillou, à la fin je compte avec toi les cailloux et je dis combien tu as vu de fourmi… »

 

Maman sourit et retourne à la vaisselle. Elle entend Émilie :« un, deux, trois, quatre cinq, six » qui hésite un peu avant de dire « sept, huit, neuf, dix : un caillou »

Lorsque sa vaisselle est terminée, maman descend chercher le petit crapaud qui ne compte plus et fait du vélo.

« Alors où sont les cailloux ?

 

La petite fille s’agenouille devant le muret qui lui arrive aux épaules. Il y a deux cailloux. Émilie recommence à compter :

« Un ! Dit-elle en désignant une fourmi dans une colonne qui coure sur le mur, et elle porte le doigt à sa bouche. Deux ! Et elle porte le doigt à sa bouche ! »

 

Horrifiée, maman comprends qu’Émilie écrase de son doigt la fourmi qu’elle compte et la mange ! Alors elle se précipite pour l’arrêter :

« Mais, mais, tu as mangé toutes les fourmis que tu as comptées ?

Oui ! C’est du citron !

Mais non ! Ce sont des fourmis, des petites bêtes vivantes et quand tu les manges, elles sont mortes…

Ha, bah oui ! Après elles sont dans mon ventre ! Mais elles ont un goût de citron !

Bon chérie ! On ne mange pas les fourmis, on n’a pas besoin de manger les fourmis, on les laisse tranquille ! Ce sont des petites vies, on prend soin de toutes les petites vies…

Moi, j’aime bien le citron… Émilie voit sa maman froncer les sourcils… Mais je mange plus des fourmis !

C’est très bien, nous avons du citron à la maison, si tu veux je peux en mettre dans un verre d’eau.

D’accord, moi je mange pas des fourmis je mange le citron. »

 

Maman soupire. Elle téléphonera au docteur pour savoir si c’est un problème d’avoir mangé vingt-deux fourmis…

Quand même il ne faudrait pas qu’elle fabrique une fourmilière à l’intérieur de son petit ventre...

 

Il ne fait pas tout à fait jour, Émilie se lève discrètement. Sans faire de bruit, elle met ses chaussons, elle franchit la porte qu’elle claque pour la fermer et elle file dehors en pyjama.

En face de sa maison, il y a de petites maisons vides, il paraît que c’était des maisons pour les cochons. Aujourd’hui il n’y a plus de cochons et les enfants y jouent comme dans des cabanes.

Émilie passe la porte, contourne le petit muret et se dirige vers l’ancienne porcherie.

 

Maman a entendu la porte claquer. Elle pense que quelqu’un est entré, ça lui fait un peu peur. Elle sort de sa chambre et regarde vers l’escalier qui conduit à la porte d’entrée, en bas.

Il n’y a personne. Maman est un peu inquiète. Elle va vers la chambre de sa fille et trouve la porte ouverte. D’un bond, maman rentre dans la chambre et le lit est ouvert et sa petite n’est plus dedans.

 

Vite, vite et pied-nus, maman court dans l’escalier et sort, il fait presque jour, mais elle ne voit pas Émilie.

Maman a si peur qu’elle sent des larmes monter à ses yeux. Mais après quelques secondes, elle se précipite vers la maison des cochons où il lui semble avoir entendu un bruit.

Il a plu la veille, elle voit son enfant penchée sur une flaque qui puise de l’eau avec son gobelet et rentre dans la porcherie. Maman soulagée se retient d’appeler sa fille. Elle est intriguée et elle s’approche pour voir ce que fait le petit crapaud dehors à cette heure !

 

Émilie entre dans une pièce de la porcherie, la seule qui ait encore une porte. Elle ouvre la porte en tenant son gobelet pour ne pas le renverser et elle ressort. Maman est de plus en plus intriguée elle se cache sur le côté dans une autre cellule de la porcherie. Elle regarde sa fille courir sous le tilleul et cueillir des pissenlits et des herbes par poignée.

Puis elle revient en courant et une nouvelle fois entre dans la pièce fermée. Maman sort de sa cachette et à son tour ouvre la porte.

Émilie est accroupie, elle jette l’herbe devant elle. Un pauvre pigeon est tassé de peur contre le mur. À côté de lui, il y a le gobelet d’eau.

 

« Mais qu’est-ce que tu fais ? Émilie sursaute violemment et se retourne et voit maman les poings sur le hanches,

Je donne à manger à mon oiseau…

C’est un pigeon sauvage, ça ne peut pas être ton oiseau…

Si ! C’est mon oiseau ! Y peut plus voler, il va se faire manger par les chats, il peut pu rentrer à sa maison, il faut qu’il mange ! Je lui donne à manger et à boire. »

 

Maman s’approche du pigeon et d’un geste vif, elle attrape l’oiseau. Il essaye de se libérer mais effectivement, il ne peut pas voler.

« Tu as raison, il ne peut plus voler, quelqu’un a collé entre elles, ses ailes sur son dos… C’est sûrement quelqu’un d’un peu cruel…

C’est pas bien de coller les oiseaux, mais maintenant il faut une maman, il peut plus voler !

Je sais Émilie combien c’est agréable pour toi d’avoir un oiseau, mais lui il ne veut pas une maman, il veut rentrer chez lui, tu sais ? Il a peut-être une famille et des pigeonneaux, des bébés pigeons, Émilie fronce les sourcils, elle est très mécontente.

Je sais que si tu vois mon oiseau, tu veux le prendre…

Ho, je suis sûre que ça te peine de te séparer de lui, mais tu as bien fait. D’abord, c’est super d’avoir attrapé l’oiseau…

C’était difficile !

Et de l’avoir caché pour le protéger des chats,

Et des chiens !

Et des chiens. Mais dis-moi, que mangent les oiseaux, les pigeons ?

De l’herbe !

Non, ils ne mangent pas d’herbe, ils mangent des graines, du pains, certains aliments des hommes… Tu vois, si je n’avais pas su que tu cachais un pigeon, il serait mort de faim. Émilie boude un peu,

Mais maintenant toi tu sais, et tu donnes le manger qu’il faut pour le pigeon, alors il meurt pas et on le garde…

Et s’il a des bébés, une compagne ou un compagnon ? »

 

Émilie est une brave petite fille, elle ne veut causer aucun mal à son pigeon. Alors elle pleure et va dans les bras de sa maman qui la console :

« Il y a des graines à la maison que je garde pour les oiseaux en hiver, tu vas lui donner à manger. Et quand il sera l’heure, nous appellerons le vétérinaire. Il nous a déjà dit qu’on pouvait lui donner les animaux qu’on trouve et qui ne vont pas bien… Lui, il saura vraiment l’aider et après le pigeon retrouvera sa famille… Tu veux bien mon crapaud ? Et puis, je t’en prie ne sort plus jamais, jamais sans me le dire, même si tu as un secret, j’ai eu très, très peur. Émilie essuie ses yeux,

Pourquoi t’as pas mis tes chaussures ? On doit pas sortir les pieds nus dehors ! »

 

Maman soupire et s’en retourne chercher les graines et ses chaussures.

 

 

Émilie est assise par terre, dans la toute petite pièce qui conduit au grenier chez sa grand-mère. Elle aime jouer ici, c’est tout petit, le plafond est très bas ; on dirait une pièce exprès faite pour les petites filles.

Dans cette pièce, il y a l’escalier qui conduit au grenier, un bureau, son coffre à jouets, une porte pas plus haute que sa mémé et une fenêtre construite presque par terre dont le bord arrive au genou d’Émilie.

 

Autour d’elle, au sol, la fillette a déposé les meubles de petites tailles, que sa mémé a fait pour ses Doudous et ses poupées. Émilie est en train d’expliquer à Lapin qu’il doit se coucher :

« Si ! Lapin ! Tu dois faire la sieste ! Tu es fatigué, je le vois tu bailles, et puis tu as mal dormi cette nuit. »

 

Lapin regarde Émilie avec ses yeux de verre, elle y voit des reproches.

« Bon rouspète pas, c’est pas longtemps la sieste et pendant que tu dors je fais du bon goûter avec mémé. »

 

Émilie couche son Doudou Lapin et se relève, prête à descendre à la cuisine. Soudain devant la porte, elle voit une grosse araignée.

Ses genoux deviennent tout mous, elle a très peur des araignées, très, très peur. Elle n’ose pas bouger et ne peut pas sortir de la pièce.

On dirait que l’araignée la regarde pour décider si elle va la mordre ou pas…

Et tout à coup, sur ses huit pattes, elle court vers Émilie. La fillette saute sur place en hurlant :

« NON ! NON ! NON ! »

 

Elle entend sa mémé gronder en bas :

« Dis ! Tu n’as pas fini de hurler comme ça ? »

 

L’araignée escalade un jouet, la petite table, s’en laisse tomber et continue son chemin, toujours aussi rapide vers la petite fille.

Émilie grimpe sur le bord de la fenêtre, mais l’araignée se rapproche.

 

L’enfant ouvre la fenêtre précipitamment. Elle se dit que, sûrement, l’araignée veut sortir. L’enfant s’imagine qu’elle va enjamber la grosse bête et qu’elle va la laisser s’en aller dehors…

Mais la bête ne semble pas vouloir aider la fillette à exécuter son plan. L’araignée zigzague devant le bord de la fenêtre, hésitant sur le chemin à prendre pour l’escalader.

Émilie ne veut pas descendre, elle a peur que l’araignée monte sur ses jambes. Elle ne veut pas non plus rester là et attendre que la bestiole grimpe et aille la mordre.

 

La fenêtre est ouverte. Émilie regarde plus bas.

La pièce où elle joue est à l’étage, donc normalement très loin du sol. Mais chez sa mémé, il y a un abri pour le bois, couvert par un toit. Et ce toit s’appuie contre le mur de la maison, juste sous la fenêtre.

L’enfant se dit :

« C’est un peu haut, mais c’est moins dangereux de sauter que de se faire morde par une araignée ! »

 

Émilie enjambe la fenêtre en se tenant au bois du châssis, elle surveille la méchante boule à huit pattes qui va bientôt réussir à grimper.

Elle n’ose pas sauter, mais elle a si peur qu’elle attrape la fenêtre avec ses deux mains et se laisse couler le long du mur.

 

Ses pieds ne touchent pas le toit.

Ses doigts au bout de ses bras tendu n’ont pas la force de résister à son poids. Alors, ses mains s’ouvrent et la fillette se retrouve par terre sur les fesses…

Son cœur bat très vite, mais pendant un moment elle est soulagée.

 

Et puis elle réalise que le toit, lui, est bien plus loin du sol que ne l’était la fenêtre : elle ne peut pas descendre par là, et elle ne peut plus rentrer non plus. Alors, dépitée, elle se rassoit sur le toit et se met à pleurer. Et puis à appeler

« Mémé. Mémé ! Mémééééé ! MÉMÉ !!!!! »

 

Sa grand-mère l’entend enfin. Et se demande ce qu’il se passe. Elle appelle à son tour :

« Émilie ? Mais qu’est-ce que tu fabriques ? »

 

En rouspétant un peu, parce qu’elle a mal au genou, Mémé monte l’escalier et se dirige vers la pièce de jeux.

Ce qu’elle voit la panique.

Non pas l’araignée, Mémé n’a pas peur des araignées… Mais la fenêtre est ouverte et sa petite-fille n’est pas là. Elle l’entend qui pleure dehors ! Qu’est-ce qui s’est passé ? Est-elle blessée ? En se penchant par la fenêtre, elle crie :

« HO C’EST PAS POSSIBLE, tu t’es fait mal ?

Naaannn ! Mais je peux pas descendre…

Mais enfin, qu’est-ce que tu fais là ?

C’est à cause de l’araignée, elle veut me mordre !

Mais, mais, qu’est-ce que tu racontes ?

L’araignée au le bord de la fenêtre, elle veut me mordre Mémé… Mémé soupire,

Bon tu n’as rien c’est l’essentiel. Je vais envoyer Pépé te chercher avec l’échelle, surtout, tu ne bouges pas ! »

 

En refermant la fenêtre Mémé bougonne, « Cette enfant ! Elle nous aura tout fait ! »

Elle ne peut pas s’empêcher de rire doucement lorsqu’elle voit l’araignée dans le coin du mur, pendant à son fil.

 

Papy fait descendre Émilie par l’échelle, il l’embrasse gentiment en la traitant de petite folle.

 

Lorsqu’elle rentre dans la maison, Mémé est assise sur le canapé et elle l’attend.

Elle tient une loupe et sur la table basse, il y a un verre.

 

Émilie s’approche. Sa grand-mère lui tend la loupe et lui dit de la poser sur le verre et de regarder. Mémé tient le verre, à l’intérieur on peut voir l’araignée qui tourne en en rond, dans sa prison.

 

Émilie recule quand elle voit l’animal sous la loupe. Sa grand-mère lui dit tranquillement :

« Souvent on a peur de ce qu’on ne connaît pas… L’araignée est prisonnière. Elle ne peut absolument pas sortir et je tiens le verre. Sois courageuse, regarde-là à la loupe : je te présente madame Arachnide, l’araignée des maisons. Combien lui vois-tu de pattes ? Émilie n’est pas rassurée, mais elle fait confiance à Mémé,

Neuf, mais elle bouge c’est difficile de compter,

Elle en a huit, les petites devant ne sont pas des pattes ce sont plutôt des antennes qui s’appellent des pédipalpes c’est pour toucher des choses et faire des bébés araignées ? Vois-tu ses yeux ?

Non…

Et pourtant, elle en a huit, autant que de pattes.

Huit ? Et elle a plein de poils… Comme ça elle a pas froid.

Ce ne sont pas tout à fait des poils, ce sont ses oreilles…

C’est vraiment très bizarre une araignée…

Aimes-tu les moustiques ?

Non ! Ça pique et ça gratte !

Sais-tu ce que mangent les araignées ?

Le sang des gens ? Mémé sourit…

Non, des mouches, des moustiques toutes sortes d’insectes. C’est pour ça que j’aime bien les araignées, une araignées dans la chambre et les moustiques ne durent pas longtemps… Bon alors que fait-on de cette araignée ? On la tue ? On la met dehors ? On la garde ?

On la met dehors…

Papi va la mettre à la cave, dehors elle mourrait, c’est une araignée des maisons, elle ne peut vivre que dans les maisons confortables et chauffée. »

 

Émilie se retient de crier quand elle voit Papi prendre l’araignée dans sa main. Il lui dit :

« Les araignées ne s’occupent pas des Hommes, elles ne peuvent même pas les voir vraiment…

Alors pourquoi c’est qu’elle m’a couru après ?

Tu crois qu’elle te courrait après ? En fait il est raisonnable de penser qu’elle se dépêchait de se cacher près de la fenêtre pour tisser sa toile. Tout ce que cette petite araignée peut te faire, c’est te chatouiller. Et s’adressant à l’araignée, il dit, allez petite vie, à la cave ! »

 

Mémé regarde Émilie :

« Ce que tu as fait, passer par le fenêtre était très dangereux, Émilie baisse le nez, je voudrais que tu ne recommences jamais, si quelque chose te fais peur demande de l’aide. Je t’aime, ma petite araignée qui rampe sur les toits.

J’ai pas envie d’être une araignée sauf l’araignée de Mémé. »

 

 



18/09/2020
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