Petit sortilege sans pretention

Petit sortilege sans pretention

Patachou ( dés 4 ans )

 

 

 

 

 

Dans mon école il y avait des tables et des chaises. Il y avait des cahiers, mon goûter, mes affaires.

Il y avait ma maîtresse, elle était gentille, et puis Scarabille, lui était méchant.

Dans mon école, il y avait un trou dans le mur, par terre, c’était la porte de la maison de Patachou.

C’était que moi qui la connaissait, Patachou. Elle avait des moustaches, des oreilles rondes. Elle était petite et toute grise. Elle avait une queue comme un ver de terre et son petit nez remuait tout le temps et ses petits doigts aussi ils bougeaient tout le temps.

 

Patachou, la première fois que je l’avais vu, je faisais la sieste.

C’était obligé la sieste quand on était petit, même si moi, je n'étais plus petite, c’était obligé pour moi aussi. Alors je faisais la sieste sans dormir.

 

Et Patachou qui n’aimait pas qu’on la dérangeât, attendait ce moment calme pour sortir de son trou.

La première fois que je l’avais vu, elle trottait autour de tous les enfants endormis, elle soulevait un coin d’oreiller ou de couverture. Elle semblait chercher quelque chose. Alors j’avais chuchoté :

«Tu cherches quelque chose ? »

 

J’avais vu la souris se redresser, je lui avais fait peur, elle aurait dû s’enfuir, mais elle s’était tournée rapidement m’avait regardé en plissant le front, l’air sérieux. Elle ne savait pas si elle pouvait me faire confiance alors toujours en chuchotant, j’avais répété  :

« Tu cherches quelque chose ? »

 

Elle avait hésité puis elle était venue près de moi et avait dit :

« Tik tikitiki ti piti kitipik tik…

 

J’avais rien compris, ça devait se voir car elle s’était approché, elle avait grimpé sur mon épaule et elle avait mis la main de sa patte sur mon oreille et là elle avait dit :

« J’oublie toujours que vous ne me comprenez pas si je ne touche pas vos oreilles… J’ai perdu mon dé à coudre…

C’est quoi un dé à coudre ?

C’est un capuchon en fer qu’on met sur le doigt et qui sert à pousser les aiguilles dans les tissus, quand les tissus sont durs…

Mais tes doigts sont minuscules, on ne peut pas trouver un si petit capuchon !

Non ! C’est un dé à coudre de grande personne. Dès que je dois sortir, une bande de punaises rentre chez moi pour me le prendre et le cacher, je les ai vues un jour, elles courraient avec mon dé et elle riaient. Leur rire ça faisait zézézézézé. Elles sont casse-pieds les punaises, j’ai besoin de mon dé pour boire mon lait de puceron… »

 

J’avais dû faire une grimace parce qu’elle avait dit :

« C’est très bon le lait de puceron, c’est sucré et aussi très nourrissant ! 

Je n’aurais pas envie de goûter, mais sûrement, c’est bon pour les Souris…

Je m’appelle Patachou

Et moi Carmen »

 

Elle était descendue de mon épaule et avait répondu :

« Tickitiquitic »

 

J’ai supposé que ça voulait dire « enchantée ».

Elle était retournée à ses recherches sur le sol et sous tous les objets qu’elle pouvait soulever. J’avais envie de l’aider mais si je m’étais levée, la maîtresse aurait voulu que je m’éloigne pour ne pas déranger les autres.

Alors j’avais tâtonné autour de moi des mains et des pieds aussi loin que je le pouvais sans quitter ma place au sol.

Sous mon tapis, près de mes genoux, j’avais senti une bosse, c’était le dé à coudre, un petit bol pour pousser les aiguilles… J’ai parlé doucement.

« Patachou j’ai trouvé... »

 

Elle revint vers moi en trottinant, ses deux petits yeux noirs brillaient : c’était un sourire.

Les souris sourient en faisant briller leurs petits yeux noirs. On dirait de toutes petites billes.

 

J’avais vu qu’elle était très contente. Je lui avais dit ;

« Regarde, derrière le pied du meuble bleu, c’est là qu’on range les couvertures quand la sieste est finie. L’autre jour, j’ai dû chercher mon doudou qui s’était caché là-bas et j’ai vu qu’il y a un trou dans le pied du meuble, tu pourrais y cacher ton bol. Les punaises n’iraient pas le chercher là-bas. »

 

Depuis, chaque fois que j’allais au coin sieste, Patachou sortait de son trou et venait boire son lait de puceron près de moi. Elle me demandait de tenir le dé à coudre pendant qu’elle escaladait ma tête, pour pouvoir poser sa main sur mon oreille.

 

Elle me racontait des histoires de souris. Elle disait qu’elle avait sept-cents jours et que donc c’était une vielle souris. Elle avait eu soixante-dix huit enfants, c’était tellement qu’elle ne pouvait pas se souvenir de tous ses petits-enfants.

Je lui avais expliqué que maman avait moi un autre enfant qu’on attendait, qui était dans son ventre. Je trouvais ça bizarre un enfant dans le ventre.

Patachou avait sursauté sur mon épaule :

« Un seul ! Un seul dans son ventre ! Combien une maman a-t-elle d’enfant ?

Heu... Je connais pas toutes les mamans, mais je sais que Valino elle a deux sœurs et un frère

Mais alors, comment se fait-il qu’il y ait autant d’humains dans le village du monde ? Ha oui ! Bien sûr ! Vous vivez si longtemps… »

 

Un jour Solène et Nolan m’avaient entendue chuchoter, ils étaient curieux alors ils avaient regardé discrètement dans ma direction et ainsi ils découvrirent Patachou.

Nolan avait crié, ça avait réveillé tout le monde et Patachou avait fait tomber son dé et elle était partie à toute vitesse.

J’étais vraiment fâchée. J’avais ramassé le dé et tiré la langue à Nolan !

 

La maîtresse était venue, Nolan lui avait raconté ce qu’il avait vu en pleurant parce qu’il avait peur des souris. Solène savait que je n’étais pas contente alors elle s’était tu.

La maîtresse avait caressé la tête de Nolan et lui avait dit que tout irait bien, qu’il avait juste rêvé.

Le coin sieste était comme un lit géant en hauteur, accroché au mur, où il fallait, pour y aller, grimper un petit escalier.

Quand tout le monde avait rangé sa couverture et était redescendu, j’avais mis le dé de Patachou dans le pied du meuble bleu.

 

Pendant la récréation, j’avais parlé à Nolan et Solène, j’avais crié un peu sur Nolan. Je leur avais tout raconté.

Mais le lendemain Patachou n’était pas revenue, ni les jours d’après. Cependant son petit bol n’était plus dans le pied du meuble bleu.

 

Aujourd’hui, c’est le dernier jour d’école.

L’année prochaine, je vais au CP, avec les grands. Je suis triste et un peu inquiète. Je voudrais dire au revoir à Patachou.

Hier j’avais mis une belle fleur et un morceau de mon goûter dans son trou. J’ai vu qu’ils n’y sont plus.

Pendant la récréation, je demande pour aller faire pipi et je monte au coin sieste.

Patachou m’attend près de sa maison. Je me couche près d’elle pour qu’elle pose sa petite main sur mon oreille :

« Pourquoi tu n’es pas revenue Patachou, tu m’as manqué.

Oui, je sais Carmen, mais si ta maîtresse apprend que je suis là, on me tuera et on détruira ma maison. Je fais de grands yeux,

ça se peut pas, elle est gentille ma maîtresse.

Ho, oui ! Sûrement, elle est gentille, mais les souris font des trous dans les murs, dans les livres pour faire des nids avec le papier, mangent les réserves des humains et ont beaucoup de petits turbulents. Le petit garçon a eu peur de moi, il y a beaucoup d’humains qui ont peur des souris.

Pourquoi ?

Parce que nous courrons très très vite alors, on surprend ça surprend les humais et aussi parce que nous avons de microbes que les gens peuvent attraper... »

 

Je recule je ne veux pas attraper un microbe

« Ne t’inquiéte pas Carmen pour être malade, il faudrait que nous mangions ensemble ou que tu touches mes crottes

Beurk ! Sûrement pas, c’est dégoûtant…

Voilà, donc tu ne crains rien de moi, je fais très attention… Alors, comme ça tu t’en vas ?

Oui pour le CP…

Tu me manqueras beaucoup mais je suis contente d’avoir connu une gentille petite fille. »

 

 ****

 

Il paraît que la maîtresse m’a cherchée partout.

Elle était très inquiète.

Elle me retrouve allongée dans le coin sieste. Je me suis endormie en écoutant Patachou me raconter une dernière histoire : l’histoire de poussette et du prince des fleurs.

« Ho ! Carmen tu nous as fait très peur, que fais-tu là ?

Je disais au revoir à Patachou…

Qui est Patachou ?

C’est pas une souris, c’est le Doudou dragon, le Doudou quand on a oublié le sien…

Ho ! Elioth ?

Oui Elioth... 

Bon, suis-moi Carmen c’est l’heure du goûter. »

 

Au moment où je me lève, je vois, près de ma main, le joli petit dé à coudre de Patachou. Elle a noué un tout petit et joli ruban rouge autour, je sais que c’est un cadeau pour moi.

Avant de partir, je dis :

« Merci Patachou pour ton cadeau et tes belles histoires. »

 



26/08/2020
2 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 57 autres membres