Petit sortilege sans pretention

Petit sortilege sans pretention

Au coeur du labyrinthe

 

Dans son esprit, elle leur donne la main.

À cette enfant battue, à cette enfant perdue, elle donne la main.

Tout ce chemin sans elles, cachées dans un placard, enterrées sous la douleur.

Tout ce chemin sans elles qui lui gardaient sa peur.

Elle leur donne la main.

 

Immobile et terrifiée, elle a traversé cet âge nouveau-né

Puis cette petite fille cachée dans un monde à côté.

Elle change, il faut bien grandir.

Alors, elle enfouit dans son esprit les souvenirs du bébé, de l'enfant terrifiée.

Elle a fini par les oublier puisqu'il faut bien grandir.

 

Et les années filent

Et le temps s'emballe, dévore les secondes, la mémoire, les corps…

C'est dur d'avancer, quelque chose pèse qu'elle ne peut plus ignorer.

Le labyrinthe s'ouvre alors, dans le gouffre des souvenirs.

Où elle erre, où elle se perd, à la recherche d'un sens, d'un centre, d'un cœur.

 

Mur après mur, les impasses s'enchaînent.

Mais ce qui pèse, pèse tant, qu'il lui est impossible de renoncer,

Au point de ramper si elle ne peut plus marcher.

Et les années filent.

Et un chemin se dessine, et le cœur apparaît.

 

Au cœur du labyrinthe, dans un berceau de brume, un enfançon pleure de terreur.

Tout prés, sans mémoire et qui joue seule, une enfant ignore le monde.

Debout à côté d'elles, les yeux mobiles, la figure menaçante, la même enfant veille.

 

Elle a traversé le labyrinthe et retrouve qui elle est à travers ces figures d'un autre âge.

Elle leur donne la main.
La douleur est si grande.

 

À ce bébé de terreur, elle donne la main.

À cette enfant sans mémoire, dans son monde, à part, elle donne la main.

Au veilleur, à la sentinelle armée, elle donne la main.

Elle épouse leurs douleurs pour comprendre qui elle est.

Alors les murs tombent, les impasses retrouvent leur chemin.

Ce qui était si lourd s'allège, c'est plus facile de finir une vie sans bagage.
Mais pour l'instant il reste encore à suivre une eau tranquille, à goûter une route sans peur, sans souvenirs inutiles, la sentinelle peut s'endormir.



31/07/2016

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