Petit sortilege sans pretention

Petit sortilege sans pretention

L'anniversaire de Lou (dés 3 ans)

 

 

 

 

 

 

« Moi, j’voudrais un chien,

Oui Lou, tu serais contente d’avoir un chien…

C’est quand que j’aurai un chien maman ?

Je suis désolée mon lapin mais pas tout de suite…

Pourquoi ?

Tu es trop petite… Pourquoi veux-tu un chien ?

C’est bien les chiens, ils cherchent les bâtons, ils sont tous doux, ils jouent avec nous, ils dorment dans mon lit…

Oui. Comment s’occupe-t-on d’un chien Lou ?

On lui donne à manger, on joue avec…

On doit le nourrir, l’éduquer, le promener…

Moi je veux me promener !

—… Chaque matin à sept heures, chaque soir à six heures et encore une fois à dix heures…

—…

Un chien il fait pipi quand il veut, où il veut. Il faut lui apprendre

Moi je veux un chien…

Peut-être qu’un jour tu auras un chien, mais pour le moment, tu ne peux pas sortir le promener à sept heures, ni à dix heures, tu ne peux pas l’éduquer, car c’est difficile. Si tu ne peux pas faire cela, c’est quelqu’un d’autre qui devrait le faire…

C’est toi, tu peux le faire !

Non ! Parce que moi, mon lapin, je ne veux pas de chien. »

 

Lou sent des larmes lui monter aux yeux.

Elle est déçue, elle rêve d’avoir un chien. Elle comprend qu’elle ne peut pas, seule, s’occuper d’un chien, mais maman elle, elle le pourrait.

Lou n’ose pas le dire, mais elle est très, très fâchée contre maman.

Elle est tellement en colère que ça lui fait de la peine : elle a peur de ne plus aimer sa maman. Mais maman voit qu’elle est bouleversée, alors elle lui tend les bras en souriant. Et Lou vient y pleurer et ça va mieux.

Elle n’est plus en colère, mais elle voudrait toujours un chien.

 

Maman Isabeau aussi est un peu triste. Elle aimerait bien faire plaisir à Lou, mais maman est sûre qu’elle ne veut pas avoir la charge d’un animal, qui a besoin d’autant de soins qu’un enfant.

Pourtant la fillette ne fait pas de caprice. Elle aimerait un chien parce qu’elle se sent seule : Son papa travaille toute la journée et rentre tard, Isabeau télétravaille le matin sur son ordinateur et puis Lou ne va pas encore à l’école et elle n’a pas de frère ou de sœur.

Lou aura trois ans dans quelques jours mais elle doit attendre six mois pour aller à l’école et pouvoir jouer avec d’autres enfants. Bien sûr la petite fille va parfois à la garderie, mais ça coûte un peu trop cher.

 

Plus elle y pense et plus maman Isabeau est triste. Elle doit faire quelque chose. Lorsque son compagnon, le papa de Lou, rentre le soir et que la petite fille est au lit pour la nuit, ils discutent un moment entre eux pour chercher une solution.

 

Une semaine plus tard, un matin, maman réveille son petit lapin :

« Coucou, mon lapin. Tu as bien dormi ? Elle fait un bisou à Lou,

Pourquoi tu viens me réveiller ?

Mémère est là pour te garder, je dois faire une commission et je ne peux pas t’emmener avec moi. C’est un magasin spécial.

C’est où c’est que tu vas ?

Tu le sauras demain…

Demain c’est mon anniversaire !

Oui, chérie et demain tu auras...

Demain je suis grande, j’aurais trois ans. »

 

Maman pose un baiser sur le front de sa fille et lui fait coucou de la main. En sortant, elle embrasse brièvement mémère qui entre pendant qu’Isabeau s’en va.

« Bonjour Louloute,

Bonjour mémère. Je suis encore fatiguée.

Rien ne presse, tu peux rester dans ton lit et te reposer encore un peu ; moi, pendant ce temps, je vais faire ton petit déjeuner…

C’est où c’est qu’elle va maman ? Mémère prend un air de coquine et répond,

Je ne sais pas !

Si tu sais ! Tu rigoles ! »

 

Mémère se sauve en riant. Lou n’a plus envie de dormir, elle se lève comme un ressort et poursuit sa grand-mère en riant et en criant :

« Si tu sais, tu sais ! Si tu sais ! Si tu sais ! Si tu sais ! »

 

Elle rattrape mémère qui la saisit sous les bras et la fait tourner comme si Lou volait.

C’est agréable d’être avec mémère, elle est toujours de bonne humeur et parfois on dirait qu’elle est encore une petite fille : elle fait la course, elle met des bottes pour sauter dans les flaques, elle joue à la marelle, ou aux petits chevaux…

Mais mémère, Lou ne la voit que les dimanches -mais pas tous les dimanches- et quand Stéphanie est en vacances -mémère s’appelle Stéphanie-.

Elle habite un peu loin, Stéphanie et elle travaille aussi.

Ce soir elle va dormir chez Lou, parce qu’elle veut partager sa journée d’anniversaire.

Ce jour ensemble passe vite avec mémère.

 

Maman rentre pour le goûter.

« T’étais où maman ?

Tu le sauras demain, je te le promets ! Mémère regarde maman et Lou la voit faire un clin d’œil. »

 

Lou croise les bras un peu contrariée, elle n’aime pas attendre !

À l’heure du repas, pour une fois que mémère est là, on s’amuse bien. Lou est autorisée à se coucher un peu plus tard, de toute façon elle est bien trop excitée pour dormir tout de suite.

Alors, avec papa dans son fauteuil, calée entre sa grand-mère et sa maman, Lou ne boude pas son plaisir. Elle regarde un film choisit pour elle : les aventures de Gros-pois et Petit-point.

Lorsque Lou s’endort sur le canapé, son papa la porte jusque son lit où il la borde avec tendresse.

 *

« Cestmonanniversaire ! Cestmonanniversaire ! Cestmonanniversaire ! Cestmonanniversaire ! Cestmonanniversaire ! »

 

Si quelqu’un dormait encore, ce n’est plus le cas : une tornade s’est levée bien plus tôt que d’ordinaire, une tornade qui court de chambre en chambre :

« Cestmonanniversaire ! Cestmonanniversaire ! Cestmonanniversaire ! Cestmonanniversaire ! Cestmonanniversaire ! »

 

Mémère sort la première de son lit et ouvre la porte en riant :

« Hé bien ! Bon anniversaire Louloute ! Viens avec moi, nous allons préparer un petit déjeuner pour tes parents : je crois qu’ils n’ont pas très bien dormi, alors nous irons déjeuner avec eux dans leur chambre, comme un pique-nique !

Oui ! Oui ! Oui ! Un pique-nique ! »

 

Café, thé, tartines de beurre et confiture ou de miel, chocolat chaud et pommes en quartier, le plateau du petit déjeuner est bien chargé ! 

Lou court devant sa grand-mère dans le couloir et frappe à la porte de la chambre de ses parents. C’est maman qui répond :

« Entrez !

Cestmonanniversaire ! Cestmonanniversaire ! Cestmonanniversaire ! Cestmonanniversaire ! »

 

Papa et maman ont les cheveux du sommeil et les plis des draps sur le visage ; effectivement on voit qu’ils ont mal dormi. Lou fait tant de bruit qu’elle n’entend pas un gratouilli venant du placard.

Les parents replient les jambes, mémère pose une nappe puis le grand plateau sur le lit.

Et Lou regarde ses parents avec impatience. Maman et papa sourient.

Maman montre sous le lit avec son doigt. Lou saute du lit pendant que tout le monde se précipite pour cramponner les récipients de liquides.

Il y a quatre cadeaux sous le lit, dont un gros et deux très grands.

Lou tire le premier, le gros, sur le sol, avec difficulté et commence par déballer celui-là.

Dans le papier journal -maman utilise toujours du papier journal pour les cadeaux avec, quand même, un joli ruban- Lou trouve un sac ! Sans comprendre elle demande :

« C’est quoi ?

Du sable chérie, répond maman,

Pourquoi faire ?

Tu trouveras bien, dit papa »

 

Lou ouvre un des très grands paquets :

« Ho ! C’est un vélo ! C’est un vélo en bois ! Mémère sourit

C’est une draisienne, Louloute. Avec ça tu apprendras à te déplacer comme sur un vélo et, comme ça, l’année prochaine tu auras un vrai vélo de grande ! »

 

La petite fille a les yeux qui brillent ; ce cadeau-là lui fait plaisir !

Elle entend du bruit dans le placard de maman et comme un petit cri. Elle regarde le placard, mais papa l’encourage à défaire ses deux derniers paquets. Elle ouvre le deuxième grand cadeau et fronce le nez :

« Ils sont bizarres ces cadeaux ! C’est un bac à sable ? C’est pour jouer au sable dans la maison ? »

 

Papa éclate de rire !

Lou fronce les sourcils et délaisse rapidement le bac en plastique.

Le dernier paquet n’est pas très gros, mais plus amusant : c’est une baguette avec un fil qui pend, sur lequel est accroché une clochette et une plume.

Lou se lève et agite la baguette pour entendre la clochette… Mais tout à coup sa maman fait de gros yeux surpris et puis elle pose un doigt sur ses lèvres.

Tout le monde se tait.

Dans le placard de la chambre il y a décidément du bruit ! Et des cris ! Lou est inquiète et remonte sur le lit. Mémère dit :

« Mais qui a-t-il dans ce placard ? Maman répond,

Je ne sais pas ! »

 

Papa hausse les épaules, il ne sait pas non plus. Mais tout le monde sourit.

Lou n’est plus aussi inquiète et même elle commence à être curieuse ! Personne ne semble vouloir se lever !

« Il faut aller voir, dit-elle,

Vas-y toi, répond mémère, n’aie pas peur voyons, nous somme là ! »

 

Lou est une petite fille courageuse alors elle va doucement vers le placard. Elle fait coulisser la porte et ne voit rien de spécial.

Le bruit vient d’un carton au sol et on entend des petits cris…

Lou regarde ses parents pour se donner du courage, elle s’accroupit, ouvre le carton et recule très vite.

Alors une petite boule de poil tend sa tête vers la lumière et sort maladroitement du carton. Une petite boule toute blanche et juste derrière, une autre petite boule la suit, toute noire ! Lou est tellement surprise qu’elle retient son souffle. Et puis soudain elle crie :

« DES CHATONS ! CE SONT DES CHATONS! »

 

Mémère, papa et maman rient tous les trois. Les deux chatons se sont arrêtés apeurés par les cris de Lou.

Maman se lève du lit et approche doucement. Elle murmure :

« Comme tu es grande, nous t’offrons ces deux chattes, elles n’ont pas encore de noms, c’est toi qui choisiras. Nous avons choisi d’en adopter deux parce que, bientôt, tu iras à l’école et je ne voudrais pas que ces petites-là se sentent seules comme tu as pu te sentir seule. Tu peux les toucher chérie mais très, très doucement et il ne faut pas encore les porter. Elles ne te connaissent pas et sont fragiles ce sont encore des bébés... »

 

Puis maman lui explique que c’est Lou qui leur donnera à manger et que le bac et le sable sont les toilettes des chattes, que la baguette avec la clochette est faite pour jouer avec elles.

Elle dit aussi qu’avec les chats, il n’y a pas de promenades obligatoire et que les chatons savent déjà faire leurs besoins dans une caisse de sable.

Lou a écouté sa maman, bouche ouverte en regardant les chatons qui ont repris leur exploration. Elle a complètement oublié qu’elle aurait voulu un chien : deux chatons c’est encore mieux !

 

Alors elle rampe par terre et s’approche doucement de la petite boule noire et lui dit :

« Tu t’appelles Foufou, Lou l’a vue sauter plusieurs fois, et toi, dit-elle en regardant la boule blanche tu t’appelles nuage. Tu as vu maman le ciel est dans ses yeux ? »

 

Et en effet nuage a les yeux bleus.

 



20/01/2021
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