Petit sortilege sans pretention

Petit sortilege sans pretention

Malédiction en équateur

L'ombre d'un éléphant dans sa pensée...
L'ombre de la forêt dans ses pas...
Le vent vert et la pluie,
La terre en mousse danse en volute odorante.

Qu'est-ce qu'il fait là, debout sur le ciment froid ?
Où donc traîne sa vie, ici ce n'est pas chez lui...

Des tours de pierres, de hauts blocs se penchent pour l'écraser. Des blocs comme
les fourmilières, habités d'hommes par centaines sans fourmilier pour les réguler.
Il ne comprend pas.

Le choc de ses semelles sur l'asphalte puant...
Le froid des étoffes mouillées sur sa peau ...
L'air vicié par la toux des voitures...
Et nulle part l'émeraude d'un ciel végétal.

Il cherche un souvenir qui ferait lien et pour se concentrer, il s'assoit directement
sur le sol, sous la pluie qui le frappe et résonne comme des battements de tambour.
Le rythme s'intensifie et percute ses os : le monde autour de lui disparaît.

...On l'écarte de son groupe, on le poursuit, devant... derrière…
Ces fourmis humaines si fragiles lorsqu'elles sont seules, si dangereuses en horde…
Il est rabattu vers un piège. Il hurle dans l'infrason l'appel vers la famille des fe-
melles. Mais le sort d'un mâle, relativement, les indiffère… On l'accule, il recule et s'apprête à charger. Mais il tombe…
Il souffrira avant de mourir.
Les hommes sont le poison de la forêt équatoriale et alors qu'il choit lourdement dans une fosse hérissée de pieux,
l'ombre d'un homme dans son esprit...
Le gris d'une ville sans logique ni raison...
les voix humaines vibrent partout comme une terre qui tremble, en colère.
Dans le grondement sans fin de sa mémoire, l'appel des pachydermes mort avant lui
le délivre de la vie.

 

Une âme d'éléphant s'envole.

Un homme noir, un vieillard assis sur le sol, transi de froid, se relève et s'ébroue, hanté par le peur d'un être qui a quitté ce monde.
Hanté par le chagrin de sa conscience absolue.
Il paye aujourd'hui sa vie de braconnier d'hier. Quitter la Terre d'Afrique n'y a rien changé, la malédiction du sorcier le suivra partout. Cacanja n'avait pas tenu compte des remontrances d'un vieil homme cacochyme, il avait conduit les blancs sur la piste des éléphants de la forêt. À son retour de chasse, le sorcier, habillé de ses ancêtres avait levé son bâton de pouvoir.
« Tu subiras toutes les agonies héritées de ta cruauté ; je te condamne à mille morts. Maintenant tu payes »



11/01/2016
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 58 autres membres