Petit sortilege sans pretention

Petit sortilege sans pretention

Purgatoire

 

 

 

 

 

L'écume des vagues mousse dans un coin de ma tête, en souvenirs brouillés.

Bousculé, mon esprit cherche dans ressac une lueur du passé. Mais la vague reflue et la mousse d'écume masque ce dont je voulais me rappeler.
Des images, à peine, me bercent d'illusions, je suis, je reste, habitée par ma raison.


Mais la mer s'agite encore et les vagues n'arrivent nulle part, les images se noient…
Un arbre, un enfant ou le soleil, un rire… tout ce qui incarne le brouhaha de la vie forment parfois un tableau éphémère que je ne peux plus saisir. Sur la vague, il monte puis ruisselle, fond et s'efface, et ma mémoire avec lui.

 

D'une errance à l'autre, dans des lieux que je ne reconnais pas, je réfléchis à une ligne qui m'aurait conduite là.

Quelques minutes de conscience, le temps de voir autour de moi, une certaine incohérence, l'écho d'un monde auquel je ne crois pas.

Mais déjà le temps ralentit. Déjà reviennent écume et le ressac, la vague qui reflue...

Et l'errance me reprend.

 

Mon pas dans un rêve qui n'en finit pas brouille les repères : être éveillée ou dormir ne se distingue pas. Mais parfois, comme trait d'acier, surgit la certitude d'avoir été, d'être, autre chose que cela : cette pauvre créature errante dont le temps a changé l'esprit en mousse d'écume…

 

Sur cet océan de misère, je ne suis pas seule à être agitée. Et chacun attend son tour. Tous, indifférents aux autres tout près dont ils partagent les déambulations, tous absents de leur identité rodent au présent.

 

Une vive lumière éblouie soudain les consciences.

C'est déjà arrivé.

Rien de ce que donne à voir cette fulgurante lueur ne peut être nommé, en ces lieux sans géométrie, ni gravité, sans objet, à peine coloré… Un éclair lucide me rappelle qu'un jour j'ai vécu et que je ne suis plus. Mais la vague balaye l'évidence, et je reprends mon errance dans la ronde infinie des âmes en peine d'elles-mêmes… Tant que Je suis encore consciente de mon unité, je ne peux pas terminer le voyage. La vague monte, descend, l'écume mousse et lave ma mémoire.

 

Pour renaître je dois m'oublier.



14/03/2016

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