Xapiri, l'esprit de la forêt
* Renvoi à la fin du texte pour un petit lexique
Dans les forêts profondes, il y a des âmes sans âge…
Et des enfants Yanomami les écoutent…
« -Zulema ? Qu'est-ce qu'ils font là ? »
Trois blancs viennent de passer le seuil du shabono*, la maison village. Les étrangers se rapprochent chaque jour davantage des Yanomami, depuis qu'une piste les conduit à moins d'une course longue de là.
« -Ils viennent pour essayer de comprendre les coutumes anciennes
-On n'a pas besoin d'eux…
-Ils ont besoin de nous. Ils se sont éloignés du Xapiri*...
-Omama* ne les aime pas !
-Omama voudrait qu'on leur réapprenne à vivre de la bonne manière…
-Les blancs ne peuvent rien apprendre des esprits : les xapiripë* ne les regardent pas. Les napëpë* ne sont même pas de ce ciel. Ils ont perdu leur chemin. Il n'y a pas de blanc dans la forêt…
-Des mots de Yai thëpë* mon garçon ! Tu parles comme eux !Je suis sûre que les xapiripë* t'ont choisi ! J'en ai parlé aux chamans. Tu devras bientôt t'occuper de ça Guiomar. »
Aurà tourne les talons. Sa mère ne l'appelle pas par son nom secret, c'est trop dangereux, mais il déteste ce nom public qui le lie aux blancs. Il est enclin à penser, que sa tribu est trop indulgente avec les indigènes des villes.
Aurà fuit le harcèlement récurrent de sa mère. Elle le voit chaman, ça le met en colère, parce qu'il a peur.
Il sait cependant, qu'elle a raison. Il n'en parle plus désormais, mais depuis qu'il est très petit, il les voit, les xapiripë, les esprits de la forêt. Il n'a pas besoin de la poudre de yâkoana* pour ça. Et eux aussi le voient...
Normalement, lorsqu'un enfant est regardé par les esprits, il doit apprendre avec eux, pour devenir chaman. Alors il fait comme si son aptitude n'existait pas, comme s'il était semblable aux autres garçons de son âge.
Sa mère n'est pas dupe ; pas plus que le vieux sorcier de la tribu qui lit dans son cœur. Chaque fois qu'il croise Aurà, le vieux lui sourit d'un air entendu.
Aurà a trop peur du Passage, il ne veut pas vivre le grand dépouillement et être dépecé...
Tous les enfants de la tribu sont rassemblés autour des blancs souriants. Le garçon ne les aime pas. Les blancs sont toujours accompagnés d'un lot de problèmes ! Chacun connaît l'histoire des attaques de village, des génocides, les maladies et les blessures faites à la forêt. Pourquoi sa mère, comme les pata waitheri* accueillent-ils ces hommes ?
Désemparé Aurà évoque dans son cœur, la force de ses ancêtres, et tourne son regard vers les arbres sculptés, c'est par là que les fantômes connaissent la vie de leurs descendants.
Heureusement le foyer vieillit et les cultures s’appauvrissent. Il faudra bientôt quitter ce lieu et ainsi s'éloigner de la piste des blancs, les sans-esprits de ce monde. Aurà n'attend que cela.
Bien que ça ne soit pas conseillé pour un enfant, même un vieil enfant, le garçon emprunte la deuxième entrée du shabono pour partir pêcher seul.
Lorsqu'il rentre enfin avec deux piquitis*, il trouve le vieux sorcier dans l'espace réservé à sa famille. Visiblement, le vieux l'attend. L'enfant lui offre ses prises :
«-Tiens Ouka, tu peux les prendre, je voudrais que tu demandes au xapiripë de chasser les blancs…
-Non Guiomar, nous devons sauver la terre en éduquant les blancs si nous le pouvons. Ces trois-là ne sont pas mauvais, juste ignorants, mais ils veulent apprendre. Je te donnerai du gibier demain. Ta mère et moi nous pensons que tu dois choisir ta voie… Tu commenceras ton cycle d'homme jeune dans quelques jours. Tu participeras à l'Hira de la nuit sans lune... »
Le cœur d'Aurà s'emballe.
« -Je ne sais pas ce que je veux pour ma vie..
-Si ! Mais tu as peur… Les xapiripë te regardent, tu ne peux pas t'y soustraire.
Après la nuit de l'Hira, tu commenceras le rituel. Tu es un descendant d'Omama. Tous les chamans le savent, tu es très fort et ta voie est sans détour. »
La nuit sans lune de l'Hira, le combat verbal, doit avoir lieu dans seize jours. Du crépuscule à l'aube, les hommes parleront fort pour crier leurs récriminations et les pata waitheri -les ainés- oseront vociférer leurs colères et recommanderont les combats nécessaires Les Waféai, les puissants anciens, calmeront les ardeurs, lutteront toute la nuit et le jour se lèvera sur un village enfin serein. Aurà, en très jeune homme commencera le rituel, s'il l'ose. Et il sait contre qui il va se fâcher ! !
Mais cette nuit, les problèmes des blancs s'abattent sur le village comme si le ciel s'effondrait. Dans un premier, temps les chamans se précipitent sur la poudre de yâkoana : il faut absolument commander aux xapiripë de réparer la voûte céleste.
Mais la porte ouest du shabono s'abat dans un bruit féroce. Exceptées les femmes dans le cycle du sang, le village affolé se rassemble dans le centre communautaire. Les guerriers jeunes et fougueux, se portent en avant armés de leurs arcs et de quelques machettes.
Un Brésilien approche menaçant, un fusil à la main. Les vingt autres hommes qui l'accompagnent sont tous armés.
Le leader parle suffisamment la langue des yanomami pour être compris :
«-Nous ne sommes pas des animaux mais des guerriers. Nous ne sommes pas ici pour vous tuer, mais ici, ce n'est plus chez vous ! Cette Terre nous rendra l'or qu'elle retient. Demain, au soleil couchant, vous êtes partis, tous ! et nous brûlerons le shabono. Celui qui restera brûlera avec la maison-foyer ! Nous serons tout près, pour surveiller ! Partez ! »
Sa menace lancée, l'homme recule avec tous les siens. Ils disparaissent dans la nuit avalés par la bouche de l'obscurité.
La tribu est terrifiée, les hommes crient sans s'écouter. Les aînés interviennent et les chamans s'approchent de la blessure du Shabono pour chasser les aôpatari*, les ancêtres cannibales, les hommes-animaux.
Aucune discussion ne résoudrait le problème, les forces sont trop inégales.
Le village s'organise pour rassembler l'essentiel et partir au plus vite, la rage au cœur.
Mais elle est sans commune mesure avec celle qui dévore l'âme d'Aurà. Il se démène pour étancher l'adrénaline qui le submerge, les dents serrées sur le silence de son désir de tuer.
Il faut partir avec ce qu'on peut porter. Il faut partir sans les ancêtres des arbres sculptés. Les chamans décident de les faire enterrer peut-être pourront-ils les récupérer plus tard.
Les ustensiles, les récipients, les outils, le rare métal, les plantes médicinales et les hamacs sont emballés rapidement.
Les femmes livrées aux cycles du sang posent un problème. Nul ne doit les voir, la terre pourrait ramollir et avaler tout le monde. Et elles sont trop faibles pour se mouvoir seules.
Un chaman accueille dans son nez le souffle d'une petite quantité de yâkoana, la drogue permet au sorcier en transe de s'adresser aux esprits.
Tout le monde sera prêt à partir dès l'aube, impossible de s'en aller en pleine nuit ; personne ne peut survivre aux aôpatari.
La transe de Yaoma dure peut :
«-Les esprits recommandent de couvrir complètement les femmes de sang en les enroulant dans les hamacs que les forts transporteront par deux. Il n'y a que trois femmes à porter. »
L'aube pointe. Les Yanomami se sont enduits le corps de roucou, il est le sang des arbres, caché dans ses graines. Ils ont peint des lignes noires sur leur visage pour raconter ce deuil qui les frappe et tous les autres.
Sous la protection d'Omama, ils vont quitter leur foyer-maison.
Les chamans ouvrent la porte ouest et le village s'enfonce dans la forêt profonde.
La plupart des hommes et des femmes sont effondrés, mais bien qu'épuisés, la peur leur mord les talons et la tribu progresse aussi vite que possible sur des sentiers un peu oubliés.
Les enfants les plus grands trottent auprès de leur cellule familiale, les plus petits sont portés en bandoulière, par une mère, une sœur, une grand-mère…
Aurà a pris sa décision et les xapiripë le savent : ils ne le quittent plus.
Les petits êtres de lumière s'accrochent à ses cordons de cotons, à ses cheveux, se posent sur ses épaules, sur sa tête, sur son bagage...
Ils ne pèsent rien.
Ils sont partout.
Le garçon voit le monde des esprits comme jamais, sans filtre, sans artifice : il le superpose à la dimension habituelle des hommes…
Sous les pas de sa tribu, sur les corps de chacun, accrochés à eux, respirés par eux, les esprits de lumière, les hommes-animaux léthargiques, l'esprit des morts égarés et l'aura de toute chose vivante, l'aura moirée et lumineuse des arbres ; l'aura bleutée des Hommes et celle, grise, des vieillards et des malades… le monde des esprits grouille partout hanté par tous ces corps évanescents.
Aurà connaît sans l'apprendre le langage des ombres et des halos…
Les xapiripë commentent chacun de ses regards pour lui expliquer les liens entre toutes choses et la terre, entre toutes choses et Omama ou son épouse Tëpërësiki*.
L'enfant chaman les entend penser dans son esprit:
«-Apprends ! Apprends ! Les chemins d'Omama ! Connais la forêt, de ses racines à ses branches nouées qui soutiennent, elles aussi, la voûte du ciel… Bientôt, bientôt tu renaîtras et dans la douleur, tu deviendras celui que tu dois. »
La douleur du dépouillement est une douleur à l'extérieur du corps., maintenant Aurà est prêt à la supporter... Tout plutôt que cette souffrance'intérieure, qu'il vit en ce moment ; elle le noît de rage, de désir de vengeance, de chagrin et d'impuissance.
La tribu marche jusqu'à la nuit tombée. Ils parviennent à la gueule d'une colline, un îlot de sécurité. C'est une grotte que connaît Oaëtaipi, un tapa waitheri.*
Ils ne sont pas très loin d'un point d'eau, la terre est riche et les arbres -noyers, muscadiers, palmiers- abondants : Omama leur donne ici, de quoi refaire un foyer où ils ne manqueront de rien.
Les quelques jours qui suivent sont épuisants. La tribu compte cent-cinquante personnes qui mettent en commun leurs talents de bûcheron, de bâtisseur et de chasseur. Le village met tout en œuvre pour finir le nouveau shabono et se sentir enfin protégé et chez eux.
La nuit sans lune approche, la nuit de l'Hira, mais nul n'a le cœur de vociférer. La colère de tous, concerne les hommes de l'or, mais à quoi bon hurler, ils ne les entendraient pas.
Les chamans se sont consultés et choisissent de mener une cérémonie de purification afin que chacun retrouve l'apaisement.
Ce soir, commenceront les rituels et tout le monde partagera la poudre de yâkoana.
Zulema ressent la colère de son fils, elle-même n'a pas encore intégré et compris l'agression survenue quelques jours plus tôt. C'est difficile de faire la part des choses entre les blancs qui « étudient » et les blancs qui « attaquent et volent ». Elle ne parvient pas à éclaircir sa pensée, les uns ou les autres, sont-ils identiques ? Ont-ils agi ensemble ?
Aurà avait sans doute raison. On ne peut plus aider les blancs. Ni les bons, ni les mauvais.
Elle voit que son fils est très agité. Il ne desserre pas les dents et son visage est si grave que son enfant paraît être subitement devenu adulte. Ces derniers jours, il a passé tout son temps seul ou à travailler plus que de raison. Lorsqu'enfin elle se risque à lui parler, il lui dit qu'il va rejoindre le chemin d'Omama par la voie des chamans. Zulema a trop de chagrin pour se réjouir. Elle le serre dans ses bras et le laisse aller.
Aurà décide de parler à Oukà. Il ne veut plus attendre :
« -Omama m'appelle, je dois subir l'épreuve du dépouillement…
-Je vais en parler aux autres sorciers.
-Non Oukà, nous n'avons pas le temps de suivre le rituel. Je dois me purifier et prendre une quantité suffisante de la poudre d'Omama pour être dépecé.
-Pourquoi si vite, pourquoi as-tu changé d'avis ?
-Omama m'appelle ! Je vois le monde des esprit, je vois tout, tout le temps, même sans la drogue.»
Oukà ouvre des yeux ronds : dans le corps de ce garçon presque adulte de treize ans, un vieillard se cache. Les Xapiripë l'avaient prévenu, Guiomar est un être à part :
« -Je ne peux, seul prendre la décision de t'initier. Je dois prévenir les autres pour que tu sois protégé. Tous les chamans doivent être d'accord avec ton projet. Je ferai aussi vite que je le peux. »
C'est la fin de l'après midi… Aurà est assis près de son espace-famille, il laisse ses pensées vagabonder. Et soudain dans son dos, il entend sa mère hurler. Surpris, il lève les yeux : devant lui trois aôpatari menaçants s'approchent rapidement et le saisissent. Ils ont surgi de nulle part, ils sont noirs, de la tête au pied, échevelés , ils poussent des grognements d'animaux, du sang leur coule de la bouche et une invraisemblable toison couvre leur dos et leurs jambes. Pourtant leur aura est grise..
Derrière eux, Aurà aperçoit, Oùka qui regarde la scène stoïque. C'est lui qui commande aux aôpatari...
Zulema se précipite pour aider son enfant. Mais il lui crie :
« -Tout va bien ! Le rituel commence... »
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La douleur…. LA DOULEUR...
Le froid…
…. la nuit.. la fin…
LA DOULEUR… la mort… le silence...
….
Millions de créatures rayonnantes….
Tirent, harcèlent, mordent, déchirent…
...LA DOULEUR… Encore...
Millions de morceaux, le corps est dépecé ! Le corps est dépecé…
La conscience se libère, l'âme déploie son onde...
Aurà répond à l'appel. Le monde des esprits s'ouvre à lui et le monde des hommes disparaît.
Tout est relié. Les êtres de lumière se fondent les uns dans les autres. Les auras remplacent la matière. Tout est feu, vif et vivant dans ce monde du silence.
Les pensées fusionnent et sont concentrées, immédiates et perceptibles partout, par tous.
Tout est lié.
La pensée unique, sans cesse nourrie par chaque entité.
Tous, ensemble à chaque instant, d'accord et sensible d'un même élan…
L'aura des arbres l'appelle, Omama est à l'intérieur, comme à l'intérieur de chacun. Mais plus la créature est ancienne et plus les intentions d'Omama sont précises. Les vieux arbres sont sa bouche. Omama est le lien absolu, la conscience de tous les temps.
Présent et constitutif de chacun 0mama, le Xapiri de la forêt et de toutes choses est de moins en moins écouté et compris.
Omama aime profondément le peuple de bois et les xapiripë tiennent à leur forêt, ils renforcent tous Omama pour qu'il concentre sa volonté et son grand pouvoir.…
Désormais Aurà entendra l'intention du monde à chaque heure du jour et de la nuit. Le monde des esprits n'a plus de mystère. Le monde des arbres doit être sauvé.
L'initiation du jeune homme se termine en secret. Pendant cette nuit sans lune où les Hommes tentent de se rassurer, Omama vient les aider.
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Dans un cri qui n'a rien d'humain, Aurà sort de sa transe. Autour de lui les chamans le veillent. Mais désormais l'enfant abrite Omama et n'a plus rien à craindre de personne, ni lui, ni les siens.
Il s'assoit sur le sol sous le regard curieux des vieillards : personne n'est sorti d'une transe si profonde aussi rapidement
Le jeune sorcier rassemble ses jambes et entonne un chant vibratoire puissant qui fait danser les ombres.
Il voit au-delà des choses au-delà des Hommes. Il voit les auras des arbres, les racines comme la toile monstrueuse d'une improbable araignée gigantesque.
Elle couvre toutes les terres du Brésil, du Venezuela, du Pérou, de la Bolivie….
Aurà entre dans le Tout intangible du monde.
Alors, dans un craquement assourdissant et qui paraît sans fin, les racines des arbres montent de la terre et affleurent en surface.
Tendant leurs pousses d'en haut ou d'en bas… Les arbres soudain, bougent. Vite et souplement . Branches et racines épousent le mouvement. L'écorce et la fibre s’assouplissent. Les arbres, dans un sursaut communs, enlacent brutalement des étrangers disséminés partout et qui la souillent. Sur l'ensemble du territoire de l'Amérique du Sud, des hommes subissent l'étreinte d'Omama.
L'esprit d'un très jeune homme, assis entre deux vieillards, sous l'abri d'un shabono, s'adresse aux otages en sursis, suspendus dans vide, en passe d'être étranglés ou écrasés...
La pensée d'Aurà liée à la volonté d'Omama, les mettent en garde :
«-Sans cette forêt, le monde est mort. Les représailles seraient donc vaines. Nous ne sommes pas des animaux, mais eux, ou nous, ne faisons qu'un ! Nos arbres sont les guerriers du monde. Ni Omama, ni moi ne voulons vous tuer, mais ici ce n'est plus chez vous ! Cette Terre, vous nous la rendez ! Vous nous la devez ! Demain, au soleil couchant, vous serez partis, tous ! Ou craignez la vengeance et la soif de sang d'Omama ! »
Toute la tribu a répondu à l'invitation des sorciers et ils attendent que le jeune chaman s'éveille. Le chant d'Aurà se tait. Il ouvre les yeux et dit au village attentif :
«-Omama est revenu, la forêt, enfin, s'est affranchie des Hommes et nos terres sont à nous, à jamais. »
https://www.youtube.com/watch?v=hPCw6tQBLkI voir notre monde par leurs yeux
https://www.youtube.com/watch?v=7w19YsVdmc8 les peuples anciens maltraités
http://www.survivalfrance.org/qui comprendre aider ?
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yâkoana, plante hallucinogène
yai thëpë : non humain
Pata waitheri : aînés prééminents
Piquitis, poisson du Brésil
Hira, rituel nocturne de vocifération, visant à désamorcer les conflits
Waféai les vieillards les plus puissants et influents
Omama/Tëpërësiki Dieu créateur, responsable de la structure sociale, son épouse qui vient de la mer.
Hira¨vociférer la nuit
Yanomami peuple ancien d'Amérique du Sud
Roucou, poudre rouge extraite des fruits du roucouyer
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